• Mardi dernier au Café de la Mairie

     

    Mardi dernier au Café de la MairieMardi dernier au Café de la Mairie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Mardi 13 septembre, au Café de la Mairie, dans le cadre des Mardis littéraires de Jean-Lou Guérin, j'animais une soirée consacrée à Marie Sizun et à son dernier roman, La Gouvernante suédoise. L'auteure répondait à mes questions et à celles du public. Patrice Bouret lisait des extraits.

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  • La Gouvernante suédoise au Café de la MairieJ’ai dit récemment le bien que je pense du dernier roman de Marie Sizun, La Gouvernante suédoise (Arléa). Comme je l’ai indiqué aussi à la fin de mon article, j’animerai, le mardi 13 septembre, dans le cadre des Mardis littéraires de Jean-Lou Guérin, une soirée consacrée à ce livre en présence de son auteure. Celle-ci répondra à mes questions, puis à celles du public, avant de dédicacer son œuvre à qui voudra. Patrice Bouret, comédien, lira des extraits.

     

     

     

     

     

    Tout cela aura lieu au Café de la Mairie (1er étage), 8, place Saint-Sulpice, 75006, Paris, à 20 h 30. J’aurai plaisir à vous y rencontrer.

     

    P. A.

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  • www.objectifgard.com

     

    Je l’avoue, je me faisais des idées sur Mistral : avec son chapeau d’artiste et sa lavallière, je le voyais plus ou moins comme un personnage sorti des livres de son ami Daudet, toujours un pécaïre ou un troundelaïre à la bouche, fondateur de surcroît d’un club régionaliste plutôt réac.

     

    Mais les idées, reçues ou non, n’empêchent pas la curiosité. Et il y avait de quoi s’étonner devant cette étrange entreprise : l’édition bilingue d’un poème provençal en hendécasyllabes et en douze chants, déjà publié dans le texte original et dans sa traduction française par le poète lui-même en 1897 (l’année du Coup de dés), où le futur Prix Nobel (1904) raconte les exploits des mariniers qui, de son temps, sillonnaient encore le Rhône. Sur la page de gauche figure le texte provençal, sur celle de droite la version française, due à Claude Guerre, homme de théâtre, de radio et de poésie, auteur également de la préface et des notes ­— selon les principes qui ont déjà présidé à une récente édition, toujours chez Actes Sud, de l’Enfer de Dante, dont j'ai parlé.

     

    On feuillette, un peu perplexe… et, pourquoi ne pas le dire, on est pris, comme on le serait par le courant du fleuve lui-même. Ce sont donc sept embarcations attachées ensemble qui vont de Lyon à Beaucaire, pour la foire, chargées de marchandises (des « ballots de tout acabit, des rouleaux / de cuir, des soies fastueuses de Lyon. / Des bottes de chanvre, des sacs d’aliments (…) / ces produits qu’on s’ingénie à fabriquer là-haut dans le Nord »), et de quatre-vingts chevaux pour le retour, la « remonte » (« Sur la digue aux pavés bossus, la longue / cordée entraîne, contre l’eau qui fouette, / la lourde peine du convoi »). Au fil de l’onde, on rencontrera tous les éléments classiques de l’épopée : lutte contre les éléments, description réaliste des travaux et des jours en une époque antérieure à la canalisation des fleuves et à l’industrialisation de leurs rivages, mythes et légendes nés sur ces rives et venant mêler sans complexes le merveilleux au quotidien le plus terre-à-terre (« Je dis qu’en ces parages, rien n’étonne »). Plus, évidemment, une belle histoire d’amour et de mort, entre le prince d’Orange, mystérieusement embarqué sur le convoi, et l’Anglore, fille du fleuve un brin sorcière ou fée. Tout cela se terminera par une « catastrophe » quand, au chant XII, un bateau à vapeur, « dont les roues s’agitent comme des griffes, / soulevant l’eau en des vagues géantes », provoque la noyade de l’attelage et la perte de la cargaison. « C’est la fin du métier… mes pauvres collègues, / vous pouvez le dire : adieu la belle vie ! / Le grand Rhône a crevé pour tous aujourd’hui ! » Voilà pour l’aspect réactionnaire, au sens le plus strict.

     

    Poème épique, donc, et, dans l’esprit de Mistral, poème d’une époque et d’un peuple. Mais, pour nous, d’abord poème de l’eau, du soleil et de l’être au monde :

    « Elle descend. Elle se sent revêtue

    par l’habit magnifique du grand ruisseau

    jusqu’à la taille. Puis plus haut encore.

    Alors, elle ne pense plus qu’au bonheur

    De son être emmêlé fondu au Rhône »…

    Claude Guerre prétend « donner aux lecteurs français un poème à la beauté égale au poème provençal initial ». On peut, à dire vrai, contester certains de ses choix, une volonté de modernisation qui affleure par exemple dans des « ouais ! ouais ! » intempestifs. Mais, outre l’ampleur et l’originalité de son travail, il sait à l’évidence être fidèle à celui qu’il faut décidément considérer comme un grand poète chaque fois que celui-ci approche la présence muette des choses :

    « Alors les faucons planent sur les hauteurs,

    (…) et les vautours talochent

    le ciel à grands cercles. Entre les rives,

    silence et solitude. Le long convoi

    descend pacifiquement vers l’horizon

    si vaste. Et si vaste le silence !

    que le monde semble à mille lieues de nous. »

     

    («  Entre li bord amudi, soulitàri,

    Pacifico descènd la longo floto

    Qu’à son entour es talo l’avalido

    E talamen es vaste lou silènci

    Qu’à milo lègo sèmblo liuen dou mounde »).

     

    P. A.

     

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  • expositions.bnf.frActes Sud publie une nouvelle version, bilingue, de La Divine Comédie, dont le premier volet, l'Enfer, paraît cette semaine. Traductrice de Catulle, d'Ovide et de Paul Auster, Danièle Robert, sur la page de gauche et face au texte italien, respecte l'usage de la trezina, strophe de trois hendécasyllabes, utilisée tout au long de l'œuvre et obéissant, sur le plan des rimes, à un système complexe quoique souple : a b a / b c b… (en principe). Ce choix n'est pas seulement celui d’une fidélité littérale et formelle : ce qui s'inscrit ainsi dans la structure même du poème, c'est la notion de trinité, par ailleurs sous-jacente à tous les niveaux ­— trois poèmes, neuf cercles, etc.

     

    L'autre grande nouveauté, c'est la restitution du mélange des niveaux de langue, du soutenu au trivial, qui va de pair, chez le père de la littérature italienne, avec l'alternance des registres, du lyrique au grotesque. En voici, dans l'ordre inverse, deux exemples :

     

    « Il gueula : "Pourquoi cet avide besoin

    de me regarder plus que tous ces cracras ?"

    et moi : "C’est que, si je me souviens bien,

     

    je t’ai vu avec les cheveux secs, déjà :

    tu es de Lucques, Alessio Intermini,

    je t’ai à l’œil plus que les autres pour ça."

     

    Alors lui, se secouant la crécelle :

    "Ici m’ont submergé les flatteries

    à quoi ma langue ne fut jamais rebelle." »

     

    (Chant XVIII ­— on y voit les flatteurs plongés éternellement dans de vastes latrines)

     

     

    « Par moi l’on entre en dolente cité,

    par moi l’on entre en infinie douleur,

    par moi l’on va parmi les égarés.

     

    Justice a mû mon souverain auteur ;

    ce qui m’a faite est divine puissance,

    sagesse extrême et amour antérieur.

     

    Auparavant, il n’y eut nulle engeance

    que l’éternelle, éternelle je dure.

    Vous qui entrez, laissez toute espérance. »

     

    (Chant II — le programme y est annoncé sur la porte, que franchit le poète en compagnie de son guide, Virgile)

     

     

    Danièle Robert justifie, dans une préface concise et intéressante, ses différents choix. Parmi ceux-ci, la présence en fin de volume des indispensables notes. L’ensemble reste cependant exceptionnellement aéré et d’aspect peu rebutant.

     

    La semaine prochaine paraîtra également, chez le même éditeur et selon les mêmes principes, Le Poème du Rhône, de Frédéric Mistral, traduit en face du texte provençal par Claude Guerre.

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  • http-_www.campagneo.comÇa commence, comme Madame Bovary, par une casquette, ce qui en dit long sur l’humour et le sérieux de l’entreprise… Si, fût-ce pour cause de trop grande jeunesse ou de pure et simple absence au monde, vous avez raté le roman de John Kennedy Toole quand Laffont l’a publié en 1981 dans sa collection « Pavillons », voici enfin l’occasion de vous rattraper : ce chef-d’œuvre introuvable reparaît le 21 avril en 10-18, dans la même excellente traduction de Jean-Pierre Carasso.

     

    Rappelons l’histoire du texte : en 1969, à trente et un ans, l’auteur, désespéré de ne pas trouver d’éditeur, se suicide au gaz d’échappement ; mais sa mère s’acharne après sa mort et parvient en 1980 à faire publier le livre ; succès considérable, prix Pulitzer de la fiction, traductions multiples ; du coup, publication d’un roman d’adolescence, La Bible de néon (adapté au cinéma en 1995 par Terence Davis).

     

    Tout cela est bien instructif… Et le devient plus encore quand on se plonge dans l’intrigue, au demeurant impossible à résumer. Le (très) gros Ignatius Reilly habite chez sa mère alcoolique ; hargneux, misanthrope, tourmenté par son anneau pylorique, il déteste l’époque et ne cultive que les auteurs antiques et la scholastique médiévale ; mais le voilà forcé de chercher un emploi, ce qui est le point de départ, dans les bas-fonds de La Nouvelle-Orléans, d’une épopée désopilante placée sous le patronage de Swift, brassant les personnages les plus délirants et les allusions littéraires les plus sophistiquées, en une satire de l’Amérique dont on comprend qu’elle ait fait hésiter quelques éditeurs. Avec à la clé une réflexion profonde et drolatique sur l’uniformisation, la singularité, et la place de l’artiste dans le monde.

     

    En parallèle à la cascade d’événements qu’il traverse ou suscite, Ignatius tient le « Journal d’un jeune travailleur ». Voici, pour vous mettre en appétit et en guise de Parole d’écrivain pour cette semaine, un bref extrait de ce journal…

     

    « J’admire d’ailleurs la terreur que les Noirs sont capables d’instiller dans le cœur de certains membres du prolétariat blanc (voici un aveu assez personnel) et je voudrais de toute mon âme disposer d’une capacité semblable. Le Noir terrifie simplement en étant soi-même, alors que je suis contraint de recourir à un certain nombre de manœuvres d’intimidation pour atteindre le même résultat. Peut-être aurait-il fallu que je fusse un Noir. M’est avis que j’aurais fait un Noir de dimensions considérables et tout à fait terrifiant, pressant continuellement mes vastes cuisses contre les maigres cuisses ridées des vieilles Blanches dans les transports publics afin de leur tirer plus d’un glapissement de panique. Sans compter d’ailleurs que, nègre, je cesserais d’être en butte aux tracasseries de ma mère qui me somme de trouver un bon emploi — puisqu’il n’existerait pas de bons emplois. Ma mère elle-même, vieille Négresse usée, serait brisée par des années et des années de labeur ancillaire sous-payé et n’aurait pas la force d’aller au bouligne le soir. Nous pourrions mener elle et moi une existence des plus plaisantes dans quelque cabane moisie d’un quelconque bidonville, dans un état de contentement paisible, dépourvus de toute ambition, conscients d’être des rebuts sociaux et dégagés, par le fait même, de toute nécessité de nous agiter en d’inutiles efforts. »

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