• photo Pierre Ahnne

     

    « De mon entrée dans la forêt je ne me souviens pas, mais je me rappelle l’instant où je me suis retrouvé là-bas, devant un arbre couvert de pommes rouges. J’étais si stupéfait que je fis quelques pas en arrière. Mon corps se souvient mieux que moi de ces pas en arrière. Chaque fois que je fais un faux mouvement du dos ou que je recule, je vois l’arbre et les pommes rouges. »

     

    Aharon Appelfeld, Histoire d’une vie

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  • https-_wir.skyrock.netOn aurait dû s’y attendre. Depuis maintenant des années, Gilles Sebhan traverse les genres romanesques, comme s’il était dans la nature même du projet qu’il poursuit obstinément, de livre en livre, de s’approfondir en se prêtant à chaque fois à un angle d’approche différent. Qu’il en vienne un jour au polar, c’était fatal. Voilà qu’il y vient. Et on se rend compte que cela faisait un moment qu’il tournait autour : en 2009, déjà, Fête des pères (Denoël) mettait en scène un tueur en série ; il y a trois ans, Salamandre (Le Dilettante) racontait un meurtre ; et les récits que Sebhan a consacrés à Duvert (Tony Duvert, l’enfant silencieux, Denoël, 2010) ou à Genet (Domodossola, Denoël, 2010) ne revêtaient-ils pas la forme de l’enquête, jamais éloignée de la quête tout court ?

     

    Donc, un polar. Mais un polar à la Gilles Sebhan, bien entendu. Qu’on en juge… Le fils de l’officier de police Dapper (oui, comme le musée) a disparu. Depuis un certain temps déjà se passaient dans la petite ville des événements bien étranges : un an plus tôt, vers Noël, n’avait-on pas retrouvé tous les animaux d’un cirque massacrés, « sur le flanc, du rouge barbouillé sur le pelage et se figeant sur la glace » ?... L’enquête conduit Dapper dans un centre de soins pour adolescents (très) perturbés, que dirige l’inquiétant docteur Tristan (oui, comme…), lequel prône l’ « immersion totale du médecin dans la folie de ses patients » et rêve du « grand remplacement » qui verra ces derniers l’emporter enfin sur les gens prétendus normaux. Le jeune Ilyas, qui fait partie de ces « petits insensés », et que d’étranges visions traversent parfois, guidera-t-il le policier jusqu’à son fils ?....

     

    « Des bouches qui s’ouvrent… »

     

    On aura reconnu certains des motifs et des thèmes chers à l’auteur : l’enfance, la violence, les rapports père-fils (l’image de l’homme soulevant un enfant dans ses bras scande le livre), la folie, envisagée comme ouverture sur un monde peut-être plus réel que l’autre, où le corps « [a] des bouches qui s’ouvr[ent] » et où l’on peut « deven[ir] les branches [d’un] lilas, l’air qui bru[it], la lumière sur tout cela ». Tout le roman baigne d’ailleurs dans une atmosphère de conte mi-terrifiant, mi-merveilleux, et le petit Théo semble « s’être perdu comme un petit Poucet maladif » dont « les cailloux en mie de pain [ont] été dévorés par [des] oiseaux maléfiques ».

     

    Mais on ne se plie pas à la discipline du roman noir sans en ressentir les effets. L’univers de Sebhan, nullement assagi, se montre cependant sous des angles inattendus ou à tout le moins inhabituels : le personnage principal est hétérosexuel, rationaliste, il représente la loi et c’est son point de vue, le point de vue d’un père, qui s’impose…

     

    C’est que, de façon générale, l’écrivain joue loyalement le jeu du genre qu’il a choisi d’adopter. Rebondissements, fausses pistes, échanges de coups de feu, tout y est — y compris les ouvertures ménagées çà et là vers des suites possibles. Et la construction du livre doit beaucoup, plutôt qu’à la tradition romanesque, à l’esthétique de la série, qui donne à présent, pour bien des amateurs, sa forme au récit policier : glissements d’un personnage à l’autre, points de vue alternés et entrelacés dessinant une sorte de labyrinthe, semé de chausse-trapes et plein de jeux de miroirs. Car le motif du double hante ce livre où l’enfant insensé rêve de prendre la place du fils disparu, et où le policier raisonnable se confronte au savant fou.

     

    Sous le signe de l’oxymore

     

    Labyrinthe, reflets, illusions, si l’on peut rattacher certains de ces motifs à la tradition du polar, comment ne pas y reconnaître aussi, soudain évidents sous l’éclairage que le roman leur prête, les thèmes caractéristiques du baroque ? Aussi bien tout le roman se place, dès son titre, sous le signe de l’oxymore, figure baroque s’il en est : « cirque mort », boucherie féerique, « âmes (…) perverses et humanistes » des éducateurs à l’ancienne, « erreur de langage » que l’appellation d’Homo sapiens appliquée à l’être humain.

     

    C’est donc une alchimie complexe que semble avoir déclenché cette rencontre entre Gilles Sebhan et le roman noir : si le genre a imposé à l’auteur un cadre et des exigences qui l’ont contraint à discipliner et à organiser autrement les fantasmes constitutifs de son univers, l’auteur semble en retour avoir tiré du genre certaines virtualités que celui-ci recelait et qui étaient demeurées latentes. Alors, Sebhan, explorateur d’un versant baroque du polar ? Ou peut-être la rencontre avec le polar, occasion pour Sebhan de se révéler un authentique écrivain baroque d’aujourd’hui ? Entre l’écrivain et son genre, tout un jeu d’échanges en tout cas s’opère, dont on aurait sans doute du mal à voir la fin. Et s’ils étaient faits l’un pour l’autre ?

     

    P. A.

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  • https-_lamalleaconfettis.frMaux de tête ? Embarras gastriques ? Vague à l’âme post-réveillon ? Un bon bouquin ! Car la littérature est, nous dit-on, le meilleur de tous les remèdes à tous les maux.

     

    On en causait déjà depuis un certain temps. Mais voilà qu’un grand quotidien du soir vient d’y consacrer son dernier supplément littéraire de l’année dernière : la littérature « nous sauve », sa tâche est aujourd’hui de « réparer le monde ». Lola Lafon, Philippe Jaenada, Camille Laurens, d’autres encore, parlent chacun de « leur livre réparateur ». Et un long entretien avec Alexandre Gefen, auteur de Réparer le monde (Corti, 2017), justement, trône en pièce maîtresse dans cette trousse de secours (puisque réparer le monde, c’est, bien sûr, réparer « les vivants »).

     

    En ces jours qui suivent la Nativité, Gefen nous annonce une bonne nouvelle : c’est fini. Ouf. « Rompant avec (…) l’idéal d’une écriture autonome et esthétisante », « la littérature contemporaine sort de l’ornière formaliste ». Il était temps. La bête a la vie dure, depuis une bonne trentaine d’années qu’on se réjouit de son décès… D’ailleurs, elle bouge encore : certains « s’accrochent à l’image désuète d’une littérature agonisante, d’un auteur de plus en plus absent, n’écrivant plus que sur son impossibilité d’écrire » ; « aujourd’hui encore, [ils] s’obstin[ent] à publier le énième roman à la Perec ». Ça m’avait frappé aussi, tous ces romans à la Perec qui se publient…

     

    Il faut dire que pour trouver, dans l’histoire littéraire française, une conception plus saine https-_www.clubjouet.comdes choses, on doit remonter carrément à Montaigne ou Racine. Au XVIIIe, il semble ne s’être rien passé de notable. Mais « au moins depuis le XIXe siècle », la littérature a été considérée chez nous comme « un art pur ». Balzac, Stendhal, Zola, ces grand formalistes, adeptes de l’art pour l’art… Et même Hugo, nous dit Gefen, a dû, pour s’engager contre la peine de mort, cesser de « rester cantonné à ses hautes sphères littéraire », qu’illustrent sans doute Les Misérables ou La Légende des siècles. Ah Flaubert, évidemment, pauvre Gustave, tenant, comme chacun sait, d’une « littérature n’ayant d’autre but qu’elle-même ». Et auteur, si mes souvenirs sont bons, d’un Dictionnaire des idées reçues.

     

    De toute façon, peu importe. Romantisme, réalisme, naturalisme, on ne va pas s’embêter avec ces subtilités académiques, quoi que ce soit, l’important, c’est qu’on en est sorti. Nos auteurs ont enfin compris que la littérature « doit avant tout être considérée du point de vue des effets (…) qu’elle déclenche chez le lecteur », en un mot, qu’elle doit être « utile ». Pas trop tôt. Ça finissait par être scandaleux cette chose qui ne servait à rien sauf, dans le meilleur des cas, à échouer à dire ce qui se glisse entre les mots. À notre époque de chômage, de terrorisme, d’accidents de la route, chacun se doit de mettre, comme il se dit souvent avec tant d’élégance, les mains dans le cambouis. C’est comme l’augmentation de la CSG sans compensation pour les retraités dits aisés : une question de solidarité nationale.

     

    https-_images-na.ssl-images-amazon.comRetour « au réel », donc. Et qu’on ne vienne pas nous dire que c’est en se détournant de la réalité qu’on l’effleure peut-être. Assez de ces subterfuges déprimants. Car ces gens qui ne parlent de rien parlent, en plus, de choses désespérantes. Pour eux, la littérature « ne servirait qu’à vous "creuser", à vous faire du mal ». Gefen « n’aime guère cette vision aristocratique » ( ?). Non, « les sciences cognitives » nous l’apprennent, la littérature peut « adoucir les imperfections du monde ». Si ce sont les sciences qui le disent… Cela suppose, évidemment, d’aller « là où ça fait mal », comme Richard Millet, Pierre Michon ou Pierre Bergounioux, qui seront sûrement ravis d’apprendre qu’on doit voir en eux de grands peintres de « la déstructuration de la province et de sa campagne, des communautés vieillissantes et des paysages ravagés par les hypermarchés ». Et qui apprécieront beaucoup aussi, sans doute, de savoir qu’ils travaillent, en cela, « comme le journalisme ». Parce que ça commençait à bien faire cette autonomie de la littérature, halte aux privilèges ! Histoire, sociologie, journalisme, roman, tous au boulot ! « L’heure est aux écrivains de terrain ». Les seuls capables, c’est sûr, de nous tirer de l’ornière. Et de nous installer « enfin dans un rapport apaisé avec le grand roman américain, qui a cessé de représenter (…) un repoussoir » (comme c’était le cas, nul ne l’ignore, depuis Faulkner et Dos Passos). Voilà, c’est dit.

     

    Vous, je ne sais pas, mais quant à moi je suis convaincu. Et puisque voici le temps des résolutions, je prends celle de ne plus vous entretenir que de littérature réparatrice. Bon, dans les semaines qui viennent, vous aurez peut-être encore quelques nouvelles de Sebhan (Cirque mort), de Lambert (Fraternelle mélancolie) — voyez déjà un peu les titres ! — et de certains autres qui s’accrochent à l’idée d’une littérature qui creuse. Les articles sont déjà écrits, je ne vais pas les mettre à la poubelle. Mais dès que j’en aurai fini avec ces gens-là, c’est promis, je ne vous parle plus que de Bicarbonate, de Tricostéril et de tous leurs amis. On va passer une rudement bonne année.

     

    P. A.

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  • http-_p1.storage.canalblog.comC’est le temps des fêtes, parlons prodiges et merveilles. Parlons contes merveilleux. Ceux d’Émilie de Gourgelas (1670-1731) sont moins connus, évidemment, que ceux de Perrault, dont elle fut la contemporaine. Elle est une conteuse parmi d’autres en ce passage du XVIIe au XVIIIe siècle qui vit le genre littéraire du conte de fées naître et fleurir dans les salons. Madame d’Aulnoy avait, comme chacun sait, lancé la mode, en insérant dans son Histoire d’Hypolite, comte de Duglas (1690), un récit merveilleux qui eut plus de succès que le reste du roman. D’autres suivirent aussitôt son exemple, telles mademoiselle Lhéritier, nièce de Perrault, ou Catherine Bernard, qui écrivit, comme lui, un Riquet à la houppe. Si on met à part l’auteur de Peau d’âne, le conte merveilleux est un genre féminin.

     

    Madame de Gourgelas est moins connue que ses consœurs. Petite noblesse provinciale (du Berry) ; malheureuse en ménage mais, comme il arrivait souvent, rendue libre tôt par la mort de son époux. Elle vient à Paris, où elle mène l’existence de ces femmes de lettres que les Modernes soutenaient contre les Anciens dans la fameuse Querelle, laquelle faisait rage alors. Elle fréquente justement le salon de madame d’Aulnoy. Après avoir publié en 1701 un unique recueil d’Histoires prodigieuses (1), elle meurt complètement oubliée, et peut-être mise à l’écart, son époque ayant eu tendance, semble-t-il, à la considérer peu ou prou comme ce qu’on appelait alors « une extravagante ».

     

    « Voilà bien des affaires… »

     

    Il est vrai que si Breton la cite au passage dans son Anthologie de l’humour noir, ce n’est pas pour rien. Ce qui la distingue des autres auteurs de son temps, c’est un mélange de second degré et d’horreur qui fait d’elle, mutatis mutandis, une précurseure de Lautréamont et de Queneau égarée en cette fin du Grand Siècle.

     

    Comme consciente de sa propre singularité, elle paraît à tout instant se moquer d’elle-même et ne prendre qu’à moitié au sérieux le genre qu’elle pratique. Ainsi, dans Le Vaillant Chevrier : « Vous me direz peut-être que voilà bien des affaires pour parler d’une princesse éprise d’un jeune paysan, chose assez rare dans la vie mais très commune dans les contes. Je vous répondrai que vous avez mille fois raison, et qu’en peignant si longuement le palais de cette princesse et la cabane de ce paysan, j’ai dit bien des mots inutiles ». Une situation dramatique se présente-t-elle, elle la neutralise aussitôt : « Vous supposerez » (elle interpelle le lecteur à tout bout de champ) « que cette belle dame qui semblait si honnête était en effet une magicienne, et des plus malintentionnées. Eh bien, c’était tout justement cela » (La Princesse enfuie).

     

    Dévorations et caresses

     

    Cette distance qu’elle prend et incite constamment à prendre avec le genre est peut-être en fait ce qui l’autorise à s’attarder avec une complaisance manifeste sur les détails les plus horribles : elle espère qu’on croira encore à de l’ironie. Mais son enthousiasme dans ces moments-là ne paraît pas feint. Certes, le conte merveilleux n’est jamais rose. Mais on sent chez madame de Gourgelas une vraie jubilation à accumuler les membres tranchés, les enfants cuits au four (et qui, histoire de rattraper le coup, renaissent in extremis quand on jette leurs os dans telle fontaine miraculeuse), les jeunes filles que leur marâtre « fouette tous les jours fort cruellement », les auberges tenues par des ogres toujours prêts à jouer du tranche-lard, les nœuds de serpents, les familles de crapauds qui tiennent des discours fleuris avant de sucer le sang de leurs victimes. Si elle souligne elle-même son goût excessif pour les détails dans un type de littérature censé aller sans détours à l’essentiel, c’est sans doute que cette hypertrophie des détails est là pour faire passer ceux qui lui importent surtout et auxquels elles revient toujours, avec une sorte de fascination : dans La Forêt périlleuse, trois jeunes filles sont, chacune à son tour, tuées, découpées et dévorées, à chaque fois avec quelques précisions supplémentaires.

     

    Que ces meurtres et ces dévorations (commis, en l’occurrence, par un géant, « le plus velu et malodorant qu’on eût jamais vu ») soient la métaphore d’autre chose, c’est probable. « L’enchanteresse » de tout à l’heure fait « tant de caresses » à une princesse égarée que, même compte tenu du sens du mot caresse à l’époque classique, on se pose quelques questions. Et quant au fameux chevrier, il se trouve enfermé « dans une tour très haute » avec un jeune prince, son rival ; « Je ne sais ce qu’ils faisaient là tout le jour », commente l’inlassable narratrice, « et peut-être vaut-il autant ne le pas savoir ».

     

    Un remède à Disney

     

    Sont-ce ces détails-là, incongrus, surtout dans un conte, qui effrayèrent les gens de son époque, ou l’extrême bizarrerie que, mêlés à des facéties de salon et à des effusions sentimentales dignes de romans précieux, ils confèrent aux récits de madame de Gourgelas ? Le XVIIe, même finissant, n’aimait guère les excentriques. Ni les prophètes : car il y a déjà du Sade chez Émilie ; et elle annonce, bien avant Walpole, dont Le Château d’Otrante ne parut qu’en 1764, le roman gothique et le goût paradoxal du siècle des Lumières pour les lieux ténébreux et les aventures macabres.

     

    On lui pardonna probablement d’autant moins tout cela qu’elle était femme, et pratiquait un genre ambigu, dont on ne sait trop s’il s’adressait aux enfants ou au public mondain et lettré — les uns pas plus que les autres n’étant les destinataires rêvés de ces histoires pleines d’oubliettes, de chairs trop fraîches et de symboles trop transparents. Elles semblent quelquefois devancer, par-delà le premier romantisme, la « psychanalyse » d’un genre dont leur auteure se plaît, dirait-on, à exhiber les dessous inavouables. Et le contraste entre ce plaisir un brin pervers et le ton primesautier qu’elle adopte, dans une langue encore classique, ajoute encore quelque chose au scandale. En faisant semblant de s’en moquer, madame de Gourgelas met à nu les ressorts les plus profonds d’un genre décidément très éloigné de la guimauve disneyenne. Dans les périodes d’attendrissement et de cheveux d’ange, sa lecture constitue un antidote salutaire.

     

    P. A.

     

    (1) Plusieurs récits tirés de cet ouvrage figuraient dans un gros volume intitulé Contes merveilleux du XVIIe siècle et publié en 1978 par Garnier-Flammarion. Introuvable aujourd’hui, sauf coup de chance.

     

    Illustration : portrait présumé de madame de Gourgelas (artiste inconnu)

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  • Tous les ans, quand vient le temps des féeries terminales, j’ai coutume, les fidèles lecteurs de ce blog le savent, de récapituler mes enthousiasmes de la rentrée littéraire pour en faire des idées de cadeaux. Le choix, cette année, est difficile : pas mal de belles découvertes entre septembre et ces jours-ci. Il faut pourtant bien renoncer à rappeler certaines d’entre elles — vous les retrouverez en feuilletant, si on peut dire, mes dernières pages. Et pour mettre un peu d’ordre dans cette page-ci, j’ai classé mes préférences, subjectives, cela va sans dire, en fonction de critères qui le sont tout autant.

    En cliquant sur le titre, vous retrouverez l'article.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Les plus originaux

     

    Fief, David Lopez (Seuil)

    En toute justice, ce garçon devrait avoir de l’avenir : faire entrer dans la littérature la langue des banlieues sans prendre pour objet leurs célèbres problèmes, c’est déjà remarquable, par les temps qui courent. Et le jeune auteur préfère, en plus de ça, jouer de ses silences pour parler de l’essentiel… (Voir aussi l’entretien qu’il a accordé à ce blog).

     

    La Rivière, Esther Kinsky, traduit de l’allemand par Olivier Le Lay (Gallimard)

    Entre les genres littéraires, entre les souvenirs et les fleuves, la poétesse et romancière allemande construit un livre inclassable, fait d’épiphanies minuscules et d’éblouissantes rencontres avec le monde. Magnifique traduction d’Olivier Le Lay.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Les plus passionnants

     

    Dernières nouvelles des bolcheviks, Philippe Videlier (Gallimard)

    L’auteur de Quatre saisons à l’hôtel de l’Univers applique à la Révolution russe sa méthode : « conter la vérité comme s’il s’agissait d’une fiction ». En quatorze fragments, toute l’épopée se déploie, avec sa fin tragique, plus sûrement qu’au fil d’un roman-fleuve.

     

    Le Sympathisant, Viet Thanh Nguyen, traduit de l’anglais par Clément Baude (Belfond)

    Ce gros et brillant roman d’espionnage est aussi une étourdissante variation sur le thème du double. Et le jeune auteur américano-vietnamien y parle, en plus, entre les lignes, de l’écriture, à l’encre sympathique ou pas.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Les plus poétiques

     

    La Nuit des béguines, Aline Kiner (Liana Levi)

    Où l’on apprend que les béguines n’ont pas toujours été flamandes… Mais ce roman savant est plus qu’un roman historique. Portrait saisissant du Paris médiéval, il est aussi semé d’instants de grâce qui s’affranchissent de l’espace et du temps.

     

    Frappe-toi le cœur, Amélie Nothomb (Albin Michel)

    Il ne faut pas sous-estimer la prolifique Amélie : son roman de cette rentrée est un conte moderne à la manière de Perrault, plein de cruauté comme de grâce. En plus, il y a l’humour, et la langue sans reproche…

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    … et une grande réédition

     

    La Route au tabac, Erskine Caldwell, traduit de l’anglais par Maurice-Edgar Coindreau (Belfond, [vintage])

    Le grand écrivain du sud des États-Unis dépeignait la vie sans espoir des fermiers de la Grande Dépression. Son ton inimitable mêle la farce au tragique, sur un entêtant tempo de blues.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

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