• apahau.orgLa première réussite, c’est le titre. Non seulement par sa simplicité efficace et sa limpidité trompeuse, mais parce qu’il annonce tout d’un livre dont il ne dévoile pourtant rien.

     

    Oui, bien sûr, c’est l’histoire d’une fille, puis d’une femme, et de la « perte de chance » initiale à surmonter que cela représente dans une société faite par et pour les hommes. Cette fille s’appelle Laurence, comme Camille, mais n’a pas le même nom de famille. Elle est née à Rouen, contrairement à l’auteure, qui y a cependant enseigné. Son père, médecin et protestant, aurait rêvé d’avoir un fils. Pour lui, « C’est une fille » sonnera, à trois reprises, comme « Ce n’est pas un garçon ». En partant de sa naissance, on suit Laurence au long d’un parcours par étapes, réparties sur trois chapitres de longueurs inégales. Le plus long et le plus brillant est consacré à son enfance. Premier moment fort : la mort, à quelques jours, d’une petite sœur, et la culpabilité qu’elle déclenche (« Elle t’a fait tomber des bras maternels ? À mort ! »). Culpabilité que viendra ranimer, quelques années plus tard, le quasi-viol subi de la part d’un oncle. Angoisses, efforts pour être « impénétrable », mais aussi découverte du fantasme et de la jouissance : « Elle a découvert un truc extraordinaire, un genre de grotte d’Ali Baba, une lampe d’Aladin qu’il suffit de frotter ».

     

    Le corps, le héros

     

    Jusqu’à ce qu’au seuil de l’adolescence le désir fasse son apparition, ce « manque [qui] la rend vivante, tandis que la nuit la fait morte ». Encore quelques années, et un avortement, dans les conditions de l’époque et grâce au MLAC, vient clore cette première partie. La seconde raconte, bien des années plus tard, la mort à la naissance du fils de Laurence, Tristan, provoquée indirectement par un complot de pères. Encore plus tard naîtra Alice, qui mettra fin à l’histoire en réconciliant sa mère avec le destin.

     

    On le voit, ce récit d’initiation est d’abord une odyssée physique, où le corps est le héros le plus apparent. L’angoisse et la violence y sont contrebalancées par l’humour, souvent grinçant, toujours présent. Ainsi de la désopilante leçon de choses donnée par le père soucieux d’initier Laurence et sa sœur, Claude, aux mystères de la vie : « Le cohit consiste en la pénétration du pénis du garçon, appelé aussi verge (zizi, bite, zob, traduit Claude qui a déjà reçu pas mal de lettres [de garçons], vit, dard, membre, traduit Lolo qui a déjà lu pas mal de Sade) dans le trou de la fille, appelé vagin (chatte, moule, temple de Vénus, autel de la nature)… » Et, bien sûr, cette odyssée physique est aussi une saga historique, où cinq générations de femmes défilent, de l’arrière-grand-mère de l’héroïne jusqu’à sa fille, des années 1960 à nos jours.

     

    L’aventure d’un mot

     

    Cependant il y a, en plus du brio et de la justesse, autre chose, qui fait de Fille plus qu’un témoignage ou un livre à sujet dans l’air du temps : une véritable œuvre littéraire. C’est-à-dire une œuvre de langage, et dont le langage est le personnage essentiel. Ce n’est pas le cas ici seulement au niveau de l’énonciation, où le jeu admirablement réglé des changements de pronoms personnels articule le passage d’une étape à l’autre, le je relayant le tu quand la jeune enfant commence à parler, puis disparaissant derrière le elle quand le sujet Laurence est barré par le viol, avant de renaître quand le désir lui rend sa place. Les expressions toutes faites et les mots de la chose jouent aussi un grand rôle (« J’attends mes machins, t’a tes ragnagnas, elle a reçu sa lettre mensuelle, nous avons nos histoires, vous avez vos périodes, elles ont leurs mickeys, leurs coquelicots, leurs ours, les Anglais ont débarqué, je reçois mes parents de Montrouge, le Cardinal est arrivé, l’Armée rouge est en ville, le ketchup est servi… »).

     

    Mais, plus encore qu’un récit où les mots tiennent leur place, le livre tout entier est l’aventure d’un mot. Ce mot de fille, que le titre énonce, génère, en se déclinant, les moments de la vie de Laurence, comme l’annonce une de ses premières découvertes linguistiques : « Tu es une fille, c’est entendu. Mais tu es aussi la fille de ton père. Et la fille de ta mère (…). La fille ne sort jamais de la famille ». De ses « souvenirs de fille », on passera à sa vie de (jeune) fille, puis de femme (mais « le phénomène se répète avec le temps : quand tu grandis, tu deviens "une femme" et, le cas échéant, "la femme de" »). Jusqu’à ce qu’elle soit enfin mère d’une fille à son tour, et que celle-ci, devenue jeune fille, choisisse comme objet d’amour une autre fille…

     

    Bien sûr, on est dans l’autofiction, et cette histoire, c’est l’histoire intime d’une écrivaine, qui, découvrant Racine et Corneille, comprend que « l’amour, c’est quand on veut mourir » mais qu’au théâtre « quelque chose empêche qu’on le fasse (…) : c’est la rime ». Pourtant c’est aussi l’histoire intime de toutes les femmes — et des hommes en plus. Tant il est vrai que c’est le langage qui découpe le réel et balise les corps, les occultant et les révélant à la fois. Camille Laurens le sait bien, c’est ce qui lui permet de s’avancer sans crainte ni rupture d’intensité sur les terrains les plus glissants (la maternité, la petite enfance, les rapports mère-fille…). Et d’y faire naître, comme en plus, par la grâce de l’écriture, une vraie émotion. Bravo l’artiste.

     

    P. A.

     

    Illustration : Lucas Cranach, Allégorie de la justice, 1537

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    photo Pierre Ahnne

     

     

    Voici l’année nouvelle. L’année littéraire, bien sûr, qui commence cette semaine. La précédente a été mouvementée, tout le monde s’en sera aperçu, traversée non seulement par le malin virus mais par toutes sortes d’affaires, qui touchaient le monde littéraire ou des arts en général. Vous remarquerez que je n’en ai rien dit. Ma discrétion proverbiale, sans doute, ou, plus probablement, le fait que ce blog, comme son nom l’indique, s’occupe de littérature — pas de la vie des personnes civiles.

     

    Je continuerai, pour la dixième année, à lire, dans cet esprit, ce qui se publie, et à en parler à celles et à ceux qui voudront bien continuer eux-mêmes de me lire. Attentif aux continuités et aux métamorphoses du roman, que cette rentrée illustre de façon particulièrement spectaculaire. Il est un peu trop tôt pour que s’abatte la prévisible avalanche d’histoires de pandémie. Mais la dystopie est bien là (Ilan Duran Cohen, Le Petit Polémiste, Actes Sud), comme le roman de reconstruction après traumatismes de diverses sortes (Sarah Manigne, Quitter Madrid, Mercure de France ; Hélène Veyssier, Comme une ombre portée, Arléa ; Marieke Lucas Rijneveld, Qui sème le vent, Buchet-Chastel), et l’histoire de genre commence à s’installer (Julien Dufresne-Lamy, Mon père, ma mère, mes tremblements de terre, Belfond).

     

    Cependant l’autofiction n’a pas dit son dernier mot (Camille Laurens, Fille, Gallimard), le roman biographique non plus (Sandrine Willems, Consoler Schubert, Les Impressions Nouvelles ; Caroline Deyns, Trencadis, Quidam). Le tableau d’époque se porte toujours bien (Simon Liberati, Les Démons, Stock ; Barbara Kingsolver, Des vies à découvert, Rivages), le roman rural, parfois teinté d’écologie, confirme son retour (Vinca Van Eecke, Des kilomètres à la ronde, Seuil ; Florent Marchet, Le Monde du vivant, Stock). La famille reste une valeur sûre (Marie-Hélène Lafon, Histoire du fils, Buchet-Chastel ; Céline Debayle, Les Grandes Poupées, Arléa ; Pia Malaussène, L’Aurore, Mercure de France).  Et, partout, les enfants ou les adolescents abondent, ce qui prouve que le bon vieux récit d’éducation, qui se glisse sans effort dans tous ces cadres, ne se démode pas.

     

    Bien sûr, les plus intéressants parmi ces titres sont ceux qui se jouent des catégories et ne les empruntent que pour s’en démarquer. Sans compter les franchement inclassables, surtout quand je ne les ai pas encore lus (Sabyl Ghoussoub, Beyrouth entre parenthèses, L’Antilope ; Oscar Lalo, La Race des orphelins, Belfond ; Hervé Le Tellier, L’Anomalie, Gallimard). Et ce n’est pas fini.

     

    fr.wikipedia.org

     

     

    Je vous souhaite une bonne rentrée, sans autre virus que celui de la lecture. Et, par goût de la contradiction ou souci de la cohérence, je dirai d’ores et déjà quelques mots d’un ouvrage qui n’est pas un roman et témoigne de vies véritables, mais vouées à s’anéantir pour laisser toute sa place à l’œuvre — au point que les auteures en question ont d’abord présenté celle-ci sous des pseudonymes masculins.

     

    Je parle de la famille Brontë, dont Gallimard, dans sa collection « Folio classique », publie des Lettres choisies, traduites, remarquablement, et annotées par Constance Lacroix, dont j’ai déjà vanté les talents (voir ici). Elles se succèdent de 1821 à 1855, année de la mort de Charlotte, qui les signe presque toutes, le reste de la correspondance familiale étant réduite à l’état de vestiges. On voit, au fil du volume, mourir Branwell, le frère, puis Emily, puis Anne, et l’auteure de Jane Eyre connaître le succès qu’on sait. Elle raconte ses journées monotones, quand « la tempête fait rage » et que « la plainte continuelle du vent [la] remplit d’une intense mélancolie ». Mais aussi la rencontre des éditeurs londoniens stupéfaits et de Thackeray (dont Roland Barthes, dans le film de Téchiné, tenait le rôle). Elle approuve ou déplore les critiques consacrées à ses livres, et affirme que « la Vérité vaut mieux que l’Art ». Bonne rentrée, encore une fois.

     

    P. A.

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  • photo Pierre AhnneQu’est-ce que le régionalisme ? Certes, il y a toutes les histoires d’escargots et de soupe aux herbes sauvages. Mais Vercel ? Et Giono ? Et Ramuz ? Parce qu’ils parlent d’une région, doivent-ils être considérés comme des écrivains régionaux ?

     

    Pour Pourrat, c’est un peu plus compliqué. Vialatte, qui fut son ami et dont il fut le mentor, règle la question à sa manière : « Le régionalisme est un exotisme de choix » ; « il y a, au fond, dans Pourrat, aussi peu d’Auvergne que possible et (…) ce qu’il appelle Auvergne n’est qu’un pays inventé par le cœur ». Vu comme ça, évidemment… Accuserait-on Baudelaire de vouloir faire couleur locale quand il écrit « La Chevelure » ? Et l’auteur des Fruits du Congo va plus loin encore : « Pourrat a fait l’Auvergne », proclame-t-il, définitif, « il a sauvé l’Auvergne de sa légende », en en faisant « un site "où souffle l'esprit" » (1).

     

    Errements

     

    Mais Vialatte a beau dire… Henri Pourrat, né (1887) et mort (1959) à Ambert (Puy-de-Dôme), comptait, parmi les auteurs dont il avait subi l’influence, Rousseau mais aussi, et l’allusion ci-dessus suffirait à le rappeler, Barrès. Il célébrait « l’énergie » comme une force qui nous vient de nos pères, et, dans sa philosophie en gros sabots, Socrate, annonciateur du rationalisme (?), préfigurait Hitler. Il chantait la figure du Paysan, était apôtre du Retour à la terre, accueillit Pétain à Ambert et fut décoré de la Francisque. Vialatte, fort embarrassé sans doute, préfère éviter de rappeler ces détails. Et il est vrai aussi que Pourrat s’éloignera du tristement fameux régime, aidera des juifs et des partisans menacés…

     

    De toute façon, on ne peut pas réduire le régionalisme à ses dérives, ni l’auteur de Gaspard des montagnes (pas plus qu’aucun auteur, du reste) à ses errements. Il n’en reste pas moins que l’œuvre a indéniablement son côté ethnographique. À côté des romans (Vent de mars, prix Goncourt 1941), des essais, des poèmes, elle comprend les treize volumes du Trésor des contes (Gallimard, 1948 / 1962), pour lesquels notre homme a réalisé, à partir de la tradition orale auvergnate, un travail comparable à celui des frères Grimm. Quant aux quatre volumes relatant l’épopée de Gaspard, ils sont aussi un précieux ouvrage documentaire sur la vie qu’on menait du côté d’Ambert sous le Premier Empire et la Restauration ; avec chansons, légendes, historiettes et proverbes (« Quand on sème des épines, on ne va pas sans sabots » ; « Quand l’arbre tombe, tout le monde court à la feuille »).

     

    Sombres histoires

     

    Quatre romans : Le Château des sept portes, L’Auberge de la Belle Bergère, Le Pavillon des amourettes, La Tour du levant. Plus de sept cents pages, rééditées en 2006 par Albin Michel, qui les avait publiées entre 1921 et 1931, année où l’ensemble reçut le Grand Prix du roman de l’Académie française. Le gros volume de 2006 rassemble les quatre tomes, divisés chacun en « Veillées », à leur tour divisées en « Pauses ». Un « dit la vieille », au début de chaque volume, l’inscrit dans une manière de tradition orale. Pourrat n’est pas Ramuz, qui sut faire d’un parler local une écriture toute personnelle et parfaitement inimitable ­— même si Vialatte, encore lui, parle, à propos de l’Auvergnat, de « son style, âpre et onctueux à la fois, comme du Fénelon revu par Walt Whitman ». Cependant, un jeu discret mais efficace sur les pronoms personnels installe le récit dans un espace ménagé entre narrateur, personnage et commentateur anonyme (« Mais Gaspard entendait s’acharner contre elle. Qu’elle souffre, tant pis : je souffre assez, elle peut bien souffrir ! » ; « Quand on est loin, les soirs, ou la nuit, tout seul, on la revoit, Anne-Marie, assise sous un sureau. Elle me regardait, le front un peu baissé… »).

     

    Qu’est-ce que ça raconte ? Mon Dieu, vous imaginez bien qu’on ne lit pas ça d’une traite, et qu’il est un peu difficile de se rappeler les détails… En gros, c’est l’histoire d’Anne-Marie Grange. Adolescente, elle a été laissée seule une nuit dans la maison de ses parents, en pleine montagne. Des hommes sont venus, qui cherchaient un document qu’ils voulaient voler car il valait gros, une sombre histoire. Elle parvient à se barricader, le chef a perdu son couteau, il passe la main sous la porte pour le récupérer, elle, qui n’a pas froid aux yeux, empoigne l’arme et lui tranche sec deux ou trois doigts. À partir de là, il voudra se venger. Voilà, c’est tout.

     

    Robert, noble déclassé qui s’est fait bandit, poursuit Anne-Marie d’une haine ambiguë (« Il avait pour elle un goût trouble et furieux »). Heureusement, il y a le cousin Gaspard, héros à l’ancienne que Vialatte compare à Ulysse et à Roland. Ce paysan montagnard, sorte de Till Eulenspiegel auvergnat, a servi l’empereur (tandis que « les messieurs » tombés dans le crime « étaient pour le roi »). Au long des quatre volumes, on suit les embûches de Robert, qui, pour mieux se venger, s’est fait, déguisé en honnête homme, épouser par Anne-Marie (tiens, tiens…). Celle-ci est amoureuse de son cousin, ça va de soi, seulement il y a la foi jurée et, peut-être, plus subtilement, un obscur attrait pour le pervers mari. Mais le texte ne le dit pas. Il dit le dévouement et la vaillance de Gaspard, d’autant plus chevaleresque qu’il sait qu’Anne-Marie ne cédera jamais à sa passion et ne voudrait pas qu’elle soit autre qu’elle n’est. La fin, sans happy end, restera indécise. « Il nous a fallu vivre en cachant notre cœur ».

     

    « Être déjà en Paradis… »photo Pierre Ahnne

     

    C’est très lent et répétitif. Avec de soudaines accélérations, et alors ce ne sont qu’auberges lugubres, coups de pistolet, incendies, enlèvements et séquestrations. Ça a le charme d’un roman-feuilleton, qui frôle sans cesse le fantastique. Car c’est « une singulière chose d’être la nuit à épier dans ces bois des vieilles peurs (…). Ces roches, ces fougères, ces souches biscornues peuvent chacune cacher on ne sait quoi » ; « Il y a une inquiétude sur ces espaces. Tel bouleau qui penche au coin d’une pâture paraît blanc comme un revenant ». Oui. Et le lecteur retrouve le goût des longues soirées, des poêles qui ronronnent, du silence et des pages qui tournent.

     

    Mais il y a plus. Lenteur, répétitions, disais-je, cependant la lenteur est nécessaire quand il s’agit des lieux peut-être plus que des hommes, et la répétition contribue à les évoquer, en faisant du roman une sorte de longue invocation lyrique. Les ravissants bois gravés de François Angeli, qui accompagnaient la première édition et sont reproduits dans l’édition actuelle, représentent tous des endroits absolument vides de personnages. C’est si bien vu. Car ce sont les maisons abandonnées à des carrefours déserts qui ont ici le premier rôle. C’est une nature austère, des forêts qui « n’ont rien de trop gai ». « L’été, en ces matinées un peu sombres, nul bruit, sinon parfois d’une vieille cloche par-delà les lointaines masses d’arbres ». Pourtant, les montagnes sont comme habitées par une force ascensionnelle, et le paragraphe qui les décrit se termine souvent en menant le regard vers le ciel : « Un amas de nuées, gonflées comme des ballots de plumes, pass[e] en glissant au fond du soir » ; une vallée, reflétée dans un lac, est « plus brillante que la vraie, avec un air, si bleue et suspendue, d’être déjà en Paradis ».

     

    Que ce Paradis soit une préfiguration du vrai, Pourrat, semble-t-il, le croyait. Mais il se garde de le dire, et sa ferveur, sans religiosité indiscrète, reste plus imprécise et plus profonde. Laissons une dernière fois la parole au plus illustre de ses admirateurs : « Il y a toujours chez Pourrat de l’Âge d’or, du Soleil levant, un Paradis perdu dont on cherche la clé et qu’on entrevoit quelquefois par une fente de la porte, et toute sa vie en est illuminée comme une toile de Rembrandt »…

     

    P. A.

     

    (1) Toutes les citations de Vialatte sont empruntées à l’excellent numéro 42 des Cahiers Alexandre Vialatte, intitulé Henri Pourrat, roi des jardins et consacré aux articles écrits par Vialatte à propos des œuvres de son aîné (Association des Amis d’Alexandre Vialatte, 2017).

     

    Illustrations :

    • Bois gravé de François Angeli, Le Grand Chemin, bois gravé illustrant Gaspard des montagnes
    • Henri Pourrat par Alexandre Vialatte, dessin figurant dans le numéro 42 des Cahiers Alexandre Vialatte
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  • Cela n’aura échappé à personne : le printemps a été un petit peu perturbé, y compris en matière de publications, littéraires ou pas. Depuis janvier, cependant, assez de livres assez remarquables ont paru pour bercer vos siestes estivales. En voici quelques-uns, j’aurais pu en ajouter d’autres. Mais il fallait bien faire un choix, et il est loisible à chacun de parcourir les dernières pages de ce blog pour y trouver peut-être quelques idées supplémentaires.

     

    Bel été à tous. Et rendez-vous vers le 20 août, quand paraîtront les premiers titres de la rentrée dite de septembre.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Des histoires de pères

     

    Papa, Régis Jauffret (Seuil)

    « Réparer le père » : telle est la tâche, impossible, bien sûr, à laquelle s’attelle ici l’auteur de Fragments de la vie des gens. Sans précautions ni concessions, selon sa manière habituelle.

     

    Feu le royaume, Gilles Sebhan (Rouergue noir)

    Dans le troisième roman de sa série policière Le Royaume des insensés, Gilles Sebhan continue, sur le mode du conte horrifique, d’explorer les thèmes de la transmission et de l’ascendance.

     

     

    Des histoires de fils et de filles

     

    Azur noir, Alain Blottière (Gallimard)

    Le jeune Léo habite l’immeuble où Rimbaud a jadis rejoint Verlaine. Possession ? Réincarnation ? Il se met à écrire et a d’étranges visions. Alain Blottière suit en funambule inspiré la piste étroite entre roman et poésie.

     

    Une poignée de vies, Marlen Haushofer, traduit de l’allemand par Jacqueline Chambon (Chambon)

    L’écrivaine autrichienne conte l’enfance, l’adolescence et la jeunesse de Betty, entre prison du corps et éblouissantes ouvertures au monde.

     

     Summer Mélodie, David Nicholls, traduit de l’anglais par Valérie Bourgeois (Belfond)

    Charlie, qui porte ses seize ans comme une croix, découvre, en un seul été lumineux, Shakespeare, le théâtre et l’amour. Élégante et roublarde variation sur des thèmes connus mais inusables.

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Des histoires d’artistes

     

    Harpo, Fabio Viscogliosi (Actes Sud)

    La plus silencieux des frères Marx s’égare sur les routes de France et perd la mémoire. Cet épisode imaginaire nous emmène d’un pas léger vers des questions graves…

     

    Être moi toujours plus fort, Stéphane Lambert (Arléa)

    Dans ce livre illustré, Stéphane Lambert, entre récit et poèmes en prose, suit le peintre Léon Spilliaert dans l’espace essentiel sur lequel ouvrent ses noirs tableaux.

     

     

    Des histoires de choses

     

    Ne quittez pas !, Marie Sizun (Arléa)

    Brèves histoires de téléphone, qui sont autant de poèmes à la solitude et à la ville. On y entend la musique unique de Marie Sizun.

     

    Le Bosquet, Esther Kinsky, traduit de l’allemand par Olivier Le Lay (Grasset)

    Sous le regard de la grande écrivaine allemande, les paysages de l’Italie du Nord deviennent d’étranges manuscrits, où tout est signe et parle de la mort…

     

    Mélancolie du pot de yaourt, Philippe Garnier (Premier Parallèle)

    Ce petit livre grave et désopilant dévoile, sous les multiples emballages qui nous entourent, d’inquiétantes et réjouissantes profondeurs.

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Des histoires (déjà) anciennes

     

    La Rue, Ann Petry, traduit de l’anglais par Martine Monod, Nicole et Philippe Soupault (Belfond) [première édition en 1948]

    L’écrivaine afro-américaine donnait, dans ce roman rageur, une peinture hallucinée de Harlem et de ceux qui étaient contraints d’y vivre.

     

    L'Italienne qui ne voulait pas fêter Noël, Jérémie Lefebvre (Buchet-Chastel) [paru en 2019]

    Quand l’auteur de Danse avec Jésus s’attaque au roman de gare, c’est pour en faire un de ces pièges retors et drôles dont il est coutumier…

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

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  • photo Pierre Ahnne

     

    « Car j’aime comparer à de très jeunes filles

    mes pensées qui ont la courbe de leurs jambes craintives

    et l’effarouchement moqueur d’éclats de rire.

     

    Seules les jeunes filles ne m’ennuyèrent jamais :

    Vous savez qu’elles vont, dont ne sait quoi, causer

    le long des tremblements de pluie des églantiers.

     

    Et moi, je ne sais pas ce que mes pensées pensent.

    J’aurais dû naître un jour calme des grandes vacances,

    lorsque les framboisiers ont des cousines blanches. »

     

    Francis Jammes, Le Deuil des primevères

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