• Quelques lectures pour l’été 2023

    C’est l’été. Ce blog va adopter un rythme moins soutenu. Pour vous aider à traverser les vraisemblables canicules, voici quelques suggestions en forme de rappels, à propos de certains des livres dont j’ai parlé depuis janvier.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Frontières

    Mes désirs futiles, Bernardo Zannoni, traduit de l’italien par Romane Lafore (La Table ronde/Quai Voltaire)

    Une fouine, un renard, un porc-épic… Il n’y a pas d’hommes dans le roman du jeune écrivain italien. Mais dans tout animal réside une part d’humanité, et inversement. Un récit palpitant mais subtil, qui installe la différence au cœur du même…

     

    Le Livre de Pacha, Véronique Sales (Vendémiaire)

    Pacha a été poisson ou cerf, il parle avec les apparitions et les esprits. André écrit un livre sur lui, et son style ressemble à celui de Véronique Sales, dont les longues phrases sinueuses disent l’unité secrète et musicale du monde.

     

    Les Gardiens de la maison, Shirley Ann Grau, traduit de l’anglais par Colette-Marie Huet (Belfond [vintage])

    Prix Pulitzer 1965, ce roman s’inscrit dans la grande tradition littéraire du sud des États-Unis : vaste demeure, nature omniprésente, vieille famille, secrets et vengeances… Au cœur de l’intrigue, les liens complexes et violents entre Blancs et Noirs.

     

    Peinture

    Vincent Van Gogh, L'éternel sous l'éphémère, Stéphane Lambert (Arléa)

    L’écrivain belge continue à marcher sur les traces des peintres. Ici, on poursuit, d’un tableau de Van Gogh à l’autre, le contact toujours fuyant avec un artiste qui poursuit lui-même l’union toujours dérobée avec le réel.

     

    Bacon, juillet 1964, Gilles Sebhan (Le Rouergue)

    L’auteur du Royaume des insensés se fait pur regard pour suivre, à sa manière et plan par plan, un bref documentaire tourné en 1964 dans l’atelier de Bacon. Avec les moyens de la littérature, il applique la méthode de son grand modèle : tordre la réalité pour mieux « court-circuiter l’apparence ».

     

    Ruptures

    Il suffit de traverser la rue, Éric Faye (Seuil)

    Éric faye raconte un plan de licenciement dans une grande agence de presse : le roman de bureau prend des teintes fantastiques, et la critique sociale s’imprègne d’humour absurde.

     

    Divorce à l'anglaise, Margaret Kennedy, traduit de l’anglais par Adrienne Terrier et Anne-Sylvie Homassel (La Table ronde/Quai Voltaire)

    Dans ce roman de 1936, l’auteure du Festin relatait un divorce et ses répercussions dans une famille. Humour, grâce, subtilité cruelle… Et d’admirables portraits d’adolescents, lesquels sont ici les vrais héros.

     

    Mémoires

    Le Secret de Sybil, Laurence Cossé (Gallimard)

    Cette histoire d’’amitié amoureuse et d’adolescence réunit, par la magie d’un style impeccable, portrait de famille et tableau d’une époque.

     

    Voyage à rebours, Jacob Glatstein, traduit du yiddish par Rachel Ertel (L’Antilope)

    Le grand écrivain yiddish relate le voyage effectué en 1934 de New York à Lublin, d’où il était venu vingt ans plus tôt. Retour en arrière dans l’espace et dans le temps où tout prend des teintes grotesques, absurdes, cocasses, déjà tragiques…

     

    Rombo, Esther Kinsky, traduit de l’allemand par Olivier Le Lay (Bourgois)

    L’auteure de La Rivière évoque le tremblement de terre advenu en 1976 dans une région montagneuse du nord de l’Italie, en faisant entendre les voix des villageois qui l’ont vécu. Mémoire humaine, langage mystérieux de la nature… L’écriture, entre flux et fragments, explore les rapports entre l’homme, les choses et le temps.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Et aussi…

    Les Moments littéraires, n° 50

    Le nouveau numéro de La Revue de l’écrit intime comprend un dossier consacré à Catherine Millet. On y trouve notamment un long entretien avec l’auteure de La Vie sexuelle de Catherine M., laquelle a publié en 2022 le cinquième volume de sa série autobiographique, intitulé Commencements (« C’est peut-être une façon de nier le temps, ou plutôt de s’envelopper du passé comme d’un grand manteau qui vous protège des agressions du présent »). Dans un texte inédit, Catherine Millet s’interroge ensuite sur les rapports entre passion de l’art et libertinage.

     

    Dans le même numéro figurent un extrait du journal d’Henri Raczymow, et un article de Florence Naugrette sur L’œuvre de Victor Hugo dans le journal épistolaire de Juliette Drouet.

     

    Le traditionnel Portfolio est consacré à des photos de nus de Jean Rault.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Nous ne nous quitterons pas tout à fait avant septembre : d’abord je compte renouer l’une ou l’autre fois avec l’habitude des billets estivaux, ensuite les premiers livres de la rentrée paraîtront dès le 18 août.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    À tous, un été aussi lumineux que possible, et de belles lectures…

     

    P. A.

     

    Illustrations : les deux tableaux sont des oeuvres de Philippe Pradalie (1938-2015)

     

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