• Tendances automnales

    Nous y voilà. Le mois de septembre a commencé, le 18 août, date de parution des premiers romans de la rentrée. Dès samedi, je commencerai à vous parler de certains d’entre eux. D’ores et déjà voici quelques impressions générales, nées de mes premières lectures et de coups d’œil obliques à des quatrièmes de couverture.

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Familles, je vous aime

    Que ferait-on sans les familles ? À nous, pères, mères, aïeux, ancêtres, frères, sœurs, voire, pour parler comme la comtesse de Ségur, bonne d’enfant (Dea Liane, Georgette, L’Olivier) !  Combinant l’autobiographie et le récit de vie, les associant à la trop fameuse quête de soi, ce roman familial d'un nouveau genre, qu’il tende vers l’Histoire, la géographie politique ou le romanesque pur et simple, est partout. Et, bien sûr, son intérêt principal réside ailleurs que dans son thème, soit qu’il orchestre le jeu croisé des voix (Sophie G. Lucas Mississippi, La Contre-Allée), soit qu’il articule une réflexion subtile sur le roman en tant que tel (Isabelle Dangy, Les Ondes, Le Passage), ou sur le temps (Agnès Desarthe, Le Château des Rentiers, L’Olivier), soit enfin que les sensations y soient le moteur de la mémoire, comme dans l’admirable Ghost Town, du Taïwanais Kevin Chen (Seuil).

     

    Moi et les autres

    Le roman biographique s’essouffle un peu, me semble-t-il, malgré Maggie O’Farrell (Le Portrait de mariage, Belfond) et Stefano Massini (Manhattan Project, Globe). Mais raconter des vies ou, plus ou moins, la sienne, ça se fait toujours : ainsi de Jean-Pierre Gattégno, qui revisite avec brio le roman d’adolescence (L’Étrange Journée de Raoul Sevilla, L’Antilope), ou, dans un style très différent, de Hernan Diaz, qui, dans Trust, construit une méditation vertigineuse sur les rapports entre écriture, fiction et vérité (L’Olivier).

     

    photo Pierre Ahnne

     

    Histoire majuscule

    Décidément, on n’y échappe pas. Elle joue souvent le rôle principal, comme chez Daniel de Roulet (Le Bonnet rouge, Héros-Limite), Darragh McKeon (Le Dimanche du souvenir, Belfond) ou, déjà cités plus haut, Maggie O’Farrell et Stefano Massini. Elle peut aussi s’entrelacer à d’autres motifs, comme chez Kevin Chen, Isabelle Dangy ou Agnès Desarthe. Toujours l’étrange obsession du vrai ?... Il arrive pourtant que la vérité historique se grime et emprunte les oripeaux de la fiction la plus débridée, comme chez Louis-Ferdinand Despreez, lequel retente, avec Le Taureau de La Havane, le conte philosophique (drolatique) (Éditions du Canoë) ou chez Dana Grigorcea, qui, dans Ceux qui ne meurent jamais, fait renaître Dracula dans une Roumanie très actuelle (Les Argonautes).

     

    photo Pierre Ahnne

     

    … et une drôle de manie

    Quels que soient le thème et le sujet, la prose coupée a le vent en poupe. Cette manière d’aller régulièrement à la ligne se répand, dont certains pensent peut-être qu’elle suffit à faire du roman un poème. En général, les auteurs et les éditeurs ont quand même d’autres justifications à avancer – lesquelles passent quelquefois à côté de justifications peut-être plus probantes… Quoi qu’il en soit, le procédé s’utilise tout spécialement dans des genres qui devraient au contraire s’inscrire dans une forme de réalisme, comme la fiction historique (Daniel de Roulet, Massini) ou l’autofiction tendance sociale (Anouk Lejczyk, Copeaux de bois, Éditions du Panseur). Bizarre…

     

    Pour plus de détails, rendez-vous dans quelques jours. D’ici là, bonne rentrée à tous.

     

    P. A.

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