• http-_feliphoto.e-monsite.comPourquoi les romanciers ou les cinéastes issus de pays protestants semblent-ils si sensibles au thème de la pédophilie ? Je m’étais déjà posé cette question à propos du beau récit de Sara Löwestam, Dans les eaux profondesSerait-ce que, étant seuls face à Dieu, les protestants, plus que les catholiques, ont nourri au fil des siècles une obsession pour la question du Mal ? Le roman américain, pratiquement en totalité, l’attesterait. Et dans nos sociétés où l’enfant est devenu une personne à part entière tout en restant, plus que jamais, symbole de pureté et d’innocence, la pédophilie est certainement l’expression la plus parfaite du mal extrême.

     

    « On a de mauvaises idées… »

     

    Inge Schilperoord, qui est par ailleurs psychologue judiciaire, va en tout cas au cœur du sujet, dans un premier roman qui a la rigueur et la précision des épures. Jonathan sort de prison : « La chemise qui d’après les déclarations de la victime aurait dû présenter des traces accablantes n’[a] pas été retrouvée ». Muni d’un « manuel thérapeutique » censé l’aider à prolonger la « préthérapie » entamée en détention, il rejoint sa mère asthmatique dans leur maisonnette proche de la mer et des dunes, l’une des dernières occupées dans ce quartier promis à la démolition. Après un ménage frénétique, il élabore un emploi du temps qui toucherait au comique absurde si l’on ne comprenait d’emblée que les comportements obsessionnels du personnage n’ont d’autre fin que d’élever le plus de digues possible contre le retour de la pulsion.

     

    Car, bien sûr, il y a quand même une autre maison occupée dans le quartier : justement, la maison voisine ; et elle est habitée par Elke, dix ans, dont on ne verra jamais la mère, accaparée par un travail assez imprécis. Pas de fatalité à l’antique dans tout cela, le récit de l’écrivaine néerlandaise baignant dans une atmosphère de conte vénéneux plutôt que de tragédie. Mais une progression superbement ménagée, au cours de laquelle on verra les résistances de Jonathan s’effriter inexorablement (« Ses jolies petites oreilles étaient émouvantes. Arrête. Il ne faut pas avoir de telles pensées. Avant de s’en rendre compte, on a de mauvaises idées. Des distorsions cognitives. Des mécanismes de justification. Ou autre chose de ce genre »). Jusqu’à ce que le « héros » réduise son cahier d’exercices en « boulettes de papier ridicules et inutiles » et que tout se mette en place pour le dénouement prévisible… lequel nous est brillamment retiré in extremis, pour être remplacé par un autre encore moins réjouissant.

     

    « Comme une séance de projection… »

     

    Pas une once de moralisme dans tout cela. Aucun commentaire ni discours. Nous sommes constamment placés au point de vue d’un être « très bon pour certaines choses, et même meilleur que d’autres », mais dont le Q. I. est « plus bas que la moyenne ». Et si rien n’arrive à proprement parler, l’auteure n’édulcore nullement les fantasmes toujours plus précis dont est la proie ce personnage qu’elle parvient malgré tout sans effort à rendre attachant. Pour le lecteur comme pour lui, tout dans cette histoire est exclusivement factuel, et les pensées sont des événements comme les autres, extérieurs à celui qui « examin[e] l’intérieur de sa tête, où des images (…) défilent comme s’il assistait à une séance de projection de diapositives ». Le credo de la psychothérapie (« Ce qui est mauvais, ce n’est pas la personne qui a commis les actes, mais ce sont les actes ») finit par encourager insidieusement cette schizophrénie qui conduit le sujet à s’observer dans le miroir comme « quelqu’un de très différent ». La « tanche » du titre, qu’il capture à l’épuisette et tente de garder en vie dans un aquarium, est-ce la fillette, qui partage sa fascination pour le poisson, ou lui-même, qui voit les mouvements de sa victime potentielle comme « des fils extrêmement fins qui les reli[ent] l’un à l’autre, une toile tendue, finement tissée » ?... En tout cas, une fois que l’animal est mort, « c’en [est] aussi fini de lui ».

     

    Ce n’est pas une étude de cas. Nous l’avons dit, tout, la petite maison étouffante, le quartier fantôme écrasé par une canicule quasi surnaturelle, baigne dans une atmosphère sournoisement onirique, que tous les détails matériels contribuent à accentuer. Surtout, ce qui fait bien de La Tanche un roman, et d’une force exceptionnelle, c’est la brutalité discrète avec laquelle Inge Schilperoord, comme elle le fait de son héros, met le lecteur face à lui-même et à son propre rôle : est-il là pour regarder le personnage s’enfoncer ? pour partager, horresco referens, ses désirs et ses fantasmes ? Dans un cas comme dans l’autre, c’est à l’inconfort d’une position perverse que nous renvoie ce roman faussement simple et authentiquement vertigineux.

     

    P. A.

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  • https-_www.lesfurets.comAu début, il faut l’avouer, on ne peut se défendre d’un mouvement de recul. Avoir enfin cessé de devoir, professionnellement,entendre en direct tous ces « wesh », ces « gros » et ses « sa mère la pute » pour les retrouver à haute dose dans le roman d’une rentrée enfin uniquement littéraire, c’est, songe-t-on, un comble. Puis on se dit que dans cinquante ou cent ans on saura peut-être grâce à David Lopez comment parlait dans les années 2010 toute une partie de la jeunesse de France. Et le chapitre désopilant où l’un des « zoulous » qui peuplent l’ouvrage entreprend de faire aux autres une dictée empruntée à Céline (« Vas-y c’est quoi comme gars bizarre ça encore ») achève de préciser le propos du jeune auteur : faire entrer, lui aussi, la langue orale dans le roman. Celle d’aujourd’hui, telle qu’on la parle de Créteil à Mantes-la-Jolie. Une langue qui a droit à la littérature, puisqu’elle existe. Et, en plus, il n’y a pas que ça.

     

    « Presque assez bien… »

     

    Soit donc Jonas et sa bande de potes. Il n’a pas de travail, vit chez son père, fait de la boxe. Au commencement du livre, il vient de perdre un combat et rêve de la revanche. À la fin, elle a lieu. Il est de nouveau battu. Entre-temps il a aussi perdu Wanda, à qui il n’aura pas réussi à faire « toutes ces déclarations d’amour comme de guerre », à « dire le mal que ça [lui] fait d’être presque assez bien pour elle ».

     

    Que ce sera-t-il passé d’autre ? Rien, justement : entraînement, parties de cartes, soirées arrosées, et l’omniprésent cannabis… La petite ville (« genre quinze mille habitants, à cheval entre la banlieue et la campagne ») où tout se passe est située entre deux collines, dans une cuvette, trop loin de la « grande ville » pour qu’on y aille jamais. Et ce dispositif géographique comme la construction circulaire et itérative du roman disent parfaitement ce qui constitue le problème essentiel de ses héros : leur impossibilité de secouer une inertie fondamentale et de partir « voir autre chose ». Il y a du Vitelloni chez ces jeunes gens incapables de devenir ce qu’ils pourraient être. À quel obstacle immatériel reviennent-ils sans fin se heurter ? Cela ne sera jamais dit, et ce premier roman vaut aussi par ses silences, son refus des explications, son écriture uniquement factuelle qui met sur le même plan, avec une précision souvent hallucinante, matchs de boxe, scènes sexuelles (très crues) ou gestes quotidiens.

     

    Pas de côté

     

    On échappe du coup à tout ce qu’on aurait pu redouter : analyses sociologiques, protestation sociale, considérations prévisibles sur le délitement des familles (Jonas a-t-il eu une mère ?), le trop fameux communautarisme ou le problème de l’identité (on n’apprend qu’incidemment, et pas toujours, que tel ou tel est un « renoi »). Bref, David Lopez se révèle dès son premier opus comme un artiste du pas de côté. Dans sa ville qui n’est ni banlieue ni campagne, ses héros ne sont originaires ni des « deux cités » dont les habitants les considèrent comme « pas crédibles (…), à vouloir jouer les lascars », ni des « quartiers résidentiels » avec leur « collège privé ».

     

    « On ne s’est jamais vraiment identifiés aux mecs des pavillons alors que comme eux on venait des lotissements », commente, subtil, Jonas. Lequel, dans ce milieu situé entre deux mondes, entre deux classes, est de surcroît un être à part. Le langage qu’il utilise se démarque finement de celui des dialogues et ne rechigne pas à user de tournures quasi littéraires. Et si sa position de narrateur lui confère une lucidité exacerbée, un malheur supplémentaire et énigmatique semble le vouer encore plus radicalement que les autres à l’impuissance. En maintenant entier ce mystère, David Lopez le situe bien au-delà des problèmes dont on parle et en fait le centre vide autour duquel tournent non seulement le destin de son héros mais la vie de tous les êtres qu’il évoque avec un mélange admirablement dosé de cruauté et d’empathie. Pour les installer dans un inconfort rageur, résigné et peut-être, en fin de compte, tout simplement universel.

     

    P. A.

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  • photo Pierre Ahnne

     

    Nous y sommes. À une date qui pourrait faire pâlir d’envie ceux qui, dans l’Éducation nationale, rêvent de « reconquête » (du mois de juin, du mois de juillet, du mois d’août…), avant, donc, celle des écoliers, avant celle des députés et des ministres (qui viennent, il est vrai, de partir en vacances), avant même celle de la mode, voici, à peine défleuris les reposoirs, la rentrée littéraire. Dès le 17 août, les premiers livres descendront comme de blanches colombes sur les étals.

     

    Ce blog aussi va sortir, dès samedi, d’un sommeil estival à peine troublé par l’habituel Billet, consacré, cette année, à Paul-Jean Toulet le méconnu. D’auteurs méconnus il sera d’ailleurs régulièrement question au cours de l’année qui s’annonce, puisque j’inaugurerai bientôt une rubrique qui sera consacrée tous les mois à l’un ou à l’autre d’entre eux.

     

    Des auteurs plus connus recommenceront à se faire entendre, que ce soit dans mes quasi hebdomadaires Paroles d’écrivains ou dans les Entretiens, que je compte reprendre.

     

    Et puis, bien sûr, des Notes critiques… Vous entendrez bientôt parler de premiers romans remarquables, français (Fief, de David Lopez, au Seuil) et néerlandais (La Tanche, d’Inge Schilperoord, chez Belfond) ; d’écrivains qui ne sont plus vraiment des débutants, comme Alma Brami (Qui ne dit mot consent, au Mercure de France) ou Kaouther Adimi (Nos richesses, au Seuil) ; d’écrivains, enfin, déjà bien connus, tels Lola Lafon (Mercy, Mary, Patty, Actes Sud) ou Fabrice Humbert (Comment vivre en héros, Gallimard). Voilà pour les premières semaines.

     

    Et vous retrouverez partout, bien sûr, mes convictions (mes obsessions ?) : la littérature n’est ni une sociologie indignée ni une psychologie larmoyante ; elle n’est rien autre chose que ce qu’elle seule peut être — un art de (ne pas) dire. Moralité : le sujet, tant valorisé par les temps qui courent, est secondaire ; « Yvetot vaut Constantinople ».

     

    Bonne rentrée.

     

    P. A.

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  • On connaît surtout ses poèmes. En particulier les Contrerimes, dont ne font pourtant pashttps-_s-media-cache-ak0.pinimg.com partie ses vers les plus fameux, tirés des Romances sans musique :

     

    « Dans Arle, où sont les Aliscams,
    Quand l'ombre est rouge, sous les roses,
    Et clair le temps,

    Prends garde à la douceur des choses.
    Lorsque tu sens battre sans cause
    Ton cœur trop lourd ;

    Et que se taisent les colombes :
    Parle tout bas, si c'est d'amour,
    Au bord des tombes. »

     

    Paul-Jean Toulet (1867-1920) a aussi, et même surtout, écrit de nombreux récits en prose. Ceux-ci n’ayant pas le succès qu’il espérait, il s’associa à Curnonsky (Maurice Saillant) pour des ouvrages coquins, puis entra dans la fameuse écurie de Willy, grand exploiteur de « nègres » et futur mari de Colette. C’était au tout début du XXe siècle, alors que notre auteur, ayant dilapidé son capital à l’île Maurice, à Alger et dans son Béarn natal, avait dû monter, comme on dit, à Paris, dans l’idée d’y chercher fortune. Il vivait surtout de ses articles parus dans La Vie parisienne, et continuait de publier, en parallèle, des œuvres auxquelles il attachait davantage de prix. Non sans mener, lui à qui la médecine donnait, en 1890, dix ans à vivre, l’existence nocturne, alcoolisée, opiumisée, qui était de rigueur dans le milieu branché de son temps. En fréquentant, bien sûr, Daudet, Maurras, Régnier et tous les autres, sans en excepter Debussy. Puis il regagna le Béarn, se maria en 1916 et mourut en 1920. Ses poèmes, rassemblés par lui à la demande de Carco, parurent à titre posthume.

     

    Le style comme manière de voir les choses

     

    Vous me direz : d’où vous vient donc ce goût pour les écrivains fin de siècle ? Et je vous répondrai : d’abord, c’est qu’ils écrivent. Dans l’excellente chronique qu’il a consacrée récemment à la réédition par La Table ronde de Mon amie Nane, Éric Chevillard le dit bien : n’en déplaise aux fanatiques de « l’écriture grise », « le style, il faut le voir pour y croire. C’est une violence ou une grâce, en tout cas une donnée objective, la forme nouvelle que prend soudain le monde sous la plume d’un écrivain » (Le Monde des livres, 10 février 2017). Et d’ajouter que, de ce point de vue, Toulet « mérite mieux que la réputation qu’on lui a faite », à savoir celle d’un petit maître décadent à l’écriture chantournée.

     

    De fait, l’essentiel, chez lui, c’est, incontestablement, la phrase, telle que Flaubert la concevait, c’est-à-dire « inchangeable, aussi rythmée, aussi sonore » qu’un bon vers. Celle de Toulet se caractérise souvent par le goût de la clausule abrupte : « On n’entendait plus que le bruit léger de la brise dans la feuille des chênes, et le froissement continu de la rapide rivière contre les galets, au loin » (1). Le déplacement des syntagmes, la tournure un peu décalée, n’y ont d’autre fonction que de ramener l’attention du lecteur de la fiction vers l’essentiel, soit les manières de la conter — au point qu’on pourrait parler sans exagération d’une esthétique de l’anacoluthe. Exemple : « Sabine devint rouge, et sa joue comme une pomme mûrissante d’un vert-ivoire, où commence l’écarlate à poindre » (2).

     

    Question de maturité

     

    Bref, le sujet, on l’aura compris, est, dans tout cela, secondaire. N’empêche qu’il en faut bien un. Et on doit reconnaître que les choix de Toulet en la matière datent souvent à tel point qu’on écartera sans trop s’y attarder pas mal de choses : Les Tendres Ménages pour le trop-plein de mots d’esprit et l’excès d’allusions salaces, parfois d’ailleurs contradictoires au point d’en devenir incompréhensibles ; Les Demoiselles La Mortagne pour les mêmes raisons, en pire ; quoi qu’en dise Chevillard, enfin, Mon amie Nane, où la misogynie et l’antisémitisme, même d’époque, finissent par lasser. Oui, mais il y a La Jeune Fille verte. Il a fallu du temps à notre homme pour mûrir. Les textes précédents datent tous de la même période : 1904 pour le premier, 1905 pour le deuxième (même si paru à titre posthume en 1923) et le troisième. La Jeune Fille verte fut achevé peu avant la mort de l’auteur et parut la même année. Toulet était à point.

     

    L’action du récit se situe dans le Béarn, où il était, on l’a dit, de retour. Le jeune Vitalis hésite entre sa cousine, Basilida, la belle notairesse, et Sabine, alias Guiche, la jeune fille du titre. Après des péripéties qui ont la grâce mais également le brio de volutes Belle Époque, il choisira, comme dans un roman de Sagan, la jeunesse. Et Basilida saura se résigner avec une élégance de grande dame. Car les personnages positifs de ce petit récit plein de charme, ce sont, toute misogynie oubliée, les femmes. Vitalis ne fait pas le poids et ne cherche pas à le faire. Sans parler des autres, notaire, prêtres, gendarmes et autres acteurs d’une comédie provinciale souvent désopilante — car La Jeune Fille verte se range résolument parmi ces tableaux de la vie de province dont fait aussi partie L’Enfant à la balustrade, de Boylesve, et où la petite ville tient le premier rôle.

     

    « Le mutisme des choses… »

     

    Ici, elle est concurrencée, encore une fois, par deux beaux personnages féminins. Dont une de ces jeunes filles qui fascinaient si fort Toulet. Celle-ci est verte comme toutes les jeunes filles si l’on veut, entendez qu’à la différence de son auteur elle n’est pas encore très mûre ; mais dans son cas particulier, il y a aussi que « son col de guipure laiss[e] voir un peu de chair couleur de pistache » tandis que « sa robe [est] d’un écossais émeraude, épinard et bleu, comme ses bas ». Cette couleur emblématique renvoie bien sûr à une certaine pétulance et, disons, à une forme de liberté dans ce qu’on appellerait probablement aujourd’hui le rapport au corps. Mais si les allusions au thème, bien d’époque aussi, de la fessée tombent si l’on ose dire avec la régularité où se révèlent les obsessions les plus solides, on est par ailleurs bien au-delà de la tonalité grivoise qui caractérise bien d’autres ouvrages de l’auteur. Le sexe, certes, est partout. Mais le livre se termine par un hymne à Vénus très ampoulé qui n’est pas là seulement pour le plaisir de la parodie : la nature, très présente, est ici tout entière érotisée ; et le désir devient la force mystérieuse qui baigne et anime le monde. Dans les bois, après s’être abandonnée à un plaisir solitaire, Sabine, nous dit le narrateur, « s’était reprise à écouter le mutisme des choses. Qu’elle se sentait seule au milieu de l’ombre ronde et verte ! (…) Pourtant elle se sentait enveloppée d’une présence sourde, innombrable, puissante. Si près de la terre, elle était comme un enfant qui, blotti au giron d’une femme endormie, en écoute battre le cœur »… Lisez, si vous la trouvez (3), La Jeune Fille verte.

     

    P. A.

     

    (1) Les Tendres Ménages

    (2) La Jeune Fille verte

    (3) Le roman a été republié par 10-18 en 1985 (collection « Fins de siècles », préface d’Hubert Juin). On en trouve diverses éditions d’occasion ou électroniques. Le texte intégral est aussi téléchargeable gratuitement sur Gallica (lien).

     

    Illustration : Edward Burne-Jones, Flamma Vestalis (1896) — détail

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