• Comme chaque année à pareille époque, voici quelques livres à lire ou à offrir durant cette période de fêtes. Il a été difficile de les choisir dans les parutions d’une rentrée qui m’a paru riche en belles surprises, et bien faite pour marquer les dix ans de mon blog.

     

    À cette occasion, de nombreux écrivains ont accepté de répondre à la question que je leur avais proposée : Aimez-vous parler de vos livres ? La dernière des contributions sera en ligne cette semaine, et, pendant les longues soirées qui s’annoncent, vous pourrez, si cela vous tente, les relire toutes, sous la rubrique « Parler de vos livres » (ci-contre, colonne de droite). Chacune est différente des autres et bien dans la manière de l’auteure ou de l’auteur. Je suis très heureux de pouvoir vous offrir ce petit panorama grâce au talent et à l’amitié de ces artistes de la plume.

     

    Je les remercie ici, ainsi que vous, bien sûr, pour votre fidélité et votre soutien. Je vous souhaite une fin d’année sereine et revigorante. Nous nous retrouverons début janvier, où mon blog reprendra, pour dix autres années j’espère, son rythme habituel. Vous entendrez alors parler d’Éric Vuillard, de Tonino Benacquista, de Shintaro Ishihara, de Gilles Sebhan et de bien d’autres…

     

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

     

    Visions d’aujourd’hui et de demain

     

    Klara et le soleil, Kazuo Ishiguro, traduit de l’anglais par Anne Rabinovitch (Gallimard)

    Sous les apparences, palpitantes, du thriller et de la dystopie, le romancier britannique pose subtilement une question profonde : qu’est-ce qui, surtout à l’heure des intelligences artificielles, fait l’humanité de l’humain ?

     

    Quatre heures, vingt-deux minutes, dix-huit secondes, Lionel Shriver, traduit de l’anglais par Catherine Gibert (Belfond)

    Très incorrecte (et très drôle), l’écrivaine américaine poursuit sa critique de l’époque. Culte de l’effort physique, culte du moi, cancel culture…, elle mène la satire aux confins de la métaphysique.

     

     

    Familles

     

    Les Garçons de la cité-jardin, Dan Nisand (Les Avrils)

    Portrait d’un (vrai) quartier, tableau (noir) d’une famille populaire : l’ombre de la tragédie plane sur ce beau et prometteur premier roman.

    (Voir aussi mon entretien avec l’auteur)

     

    Le Garçon de mon père, Emmanuelle Lambert (Stock)

    Fidèle à sa manière virtuose et décalée, Emmanuelle Lambert raconte la vie et la mort de son père tout en esquissant un autoportrait en mouvement.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    La montagne et la mer

     

    Okoalu, Véronique Sales (Vendémiaire)

    Par la magie du style, Véronique Sales renouvelle le récit d’île déserte et en fait une magnifique méditation sur le temps et le monde.

     

    Au temps des requins et des sauveurs, Kawai Strong Washburn, traduit de l’anglais par Charles Recoursé (Gallimard)

    Une famille hawaïenne d’aujourd’hui perturbée par les dons des dieux : malgré ses naïvetés, ce premier roman violent et audacieux se signale en tout cas par son originalité.

     

    La Félicité du loup, Paolo Cognetti, traduit de l’italien par Anita Rochedy (Stock)

    Dans ce roman à l’intrigue minimaliste, la montagne est le grand personnage. Des chapitres qui semblent autant de haïkus en composent le portrait ému mais sans lyrisme.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    … et un grand peintre

     

    Paul Klee jusqu'au fond de l'avenir, Stéphane Lambert (Arléa)

    Racontant l’expérience vécue devant les tableaux de l’artiste suisse, Stéphane Lambert poursuit sa réflexion poétique sur l’art comme passage entre les apparences et leur au-delà.

     

     

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    Depuis l’enfance, les problèmes d’intervalles ont toujours été pour moi de vrais problèmes. Aussi ai-je compté et recompté. Mais pas de doute : cette rentrée est la onzième pour mon blog, celui-ci a donc bien 10 ans.

     

    C’est en effet en septembre 2011 qu’ont été mis en ligne les premiers articles sur ce qui s’appelait alors La Petite Revue littéraire d’Ahnne et Pétel. Celle-ci proposait déjà des Notes de lecture, ainsi que de courtes Fictions et des Billets sur des sujets divers, mais littéraires. Gilles Pétel, écrivain et ami, ayant renoncé au bout d’un an à poursuivre la complicité dans ce domaine, Le Blog littéraire de Pierre Ahnne continuait tout seul dès la rentrée 2012, toujours avec les mêmes rubriques, auxquelles sont venues depuis s’en ajouter quelques autres. En 2015, changeant de plate-forme et d’adresse, il devenait nouveau. Eh oui.

     

    La moindre des choses est de remercier, une fois de plus, les lecteurs abonnés à la newsletter et les autres, présents dès le début ou arrivés plus tard, pour leur soutien, leurs commentaires, leurs partages sur les réseaux sociaux.

     

    Et puis, naturellement, à tout anniversaire ses fêtes. Pour célébrer celui-ci, des auteurs avec qui j’ai réalisé des entretiens ou à qui j’ai consacré des articles m’ont fait l’amitié de répondre en quelques pages à la question suivante : « Aimez-vous parler de vos livres ? » Dès samedi prochain et tous les samedis pendant plusieurs semaines, vous pourrez lire les textes où chacun s’exprime à sa manière, directe ou plus oblique, sur le sujet.

     

    Pendant quelques semaines aussi, mes Retours en arrière reviendront systématiquement, certains lundis, sur des articles parus il y a dix ans — manière comme une autre de mesurer le passage du temps sur nos goûts et nos intérêts, et ses effets, ou leur absence.

     

    Mais bien sûr il sera aussi question du présent, c’est-à-dire de la célèbre, rituelle et toujours plus estivale rentrée littéraire. Vous entendrez ainsi parler du nouveau et fascinant roman de Kazuo Ishiguro (1), de la belle méditation que Stéphane Lambert consacre à Paul Klee (2), de l’émouvante évocation qu’Emmanuelle Lambert fait de son père (3). Et aussi de l’impressionnant roman de l’écrivaine d’origine géorgienne Nino Haratischwili (4), de l’étrange récit maritime de Mariette Navarro (5), du singulier récit insulaire de Véronique Sales (6), du prometteur premier roman de Dan Nisand (7)

     

    Et, à mesure que les semaines passeront, bien d'autres titres viendront, certains lundis et tous les mercredis, s'ajouter à cette liste. En espérant contribuer ainsi à embellir encore votre rentrée, que je vous  souhaite déjà aussi belle que possible, quelle que soit la rudesse des temps.

     

    P. A.

     

    (1) Klara et le soleil (Gallimard)

    (2) Paul Klee jusqu’au fond de l’avenir (Arléa)

    (3) Le Garçon de mon père (Stock)

    (4) Le Chat, le Général et la Corneille (Belfond)

    (5) Ultramarins (Quidam)

    (6) Okoalu (Vendémiaire)

    (7) Les Garçons de la cité-jardin (Les Avrils)

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  • Voici venu le temps de la pause estivale, qui ne s’interrompra guère avant que paraissent les premiers livres de la rentrée, vers le 19 août.

     

    C’est aussi le temps de rappeler quelques titres, parus depuis le mois de janvier, que je vous recommande spécialement au moment de remplir vos valises.

     

    Je vous souhaite des semaines de repos, de lectures et de sérénité. En septembre, je vous convierai à fêter avec moi le dixième anniversaire de ce blog, auquel je vous remercie d’être si fidèles.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Crimes vrais et faux

     

    Noir Diadème, Gilles Sebhan (Rouergue noir)

    Le dernier (mais peut-être après tout pas l’ultime) volume de la série « policière » de Gilles Sebhan, Le Royaume des insensés. On y rencontrera beaucoup de cadavres, comme il se doit. Mais l’essentiel sera, comme toujours, ailleurs — dans le monde des enfants fous ou perdus, qui poursuivent, en marge des adultes, leurs fascinants rituels et leur vraie vie.

     

    La Maison de Bretagne, Marie Sizun (Arléa)

    Il y a un cadavre égaré dans cette maison de famille que revient visiter une héroïne vieillissante. C’est cependant surtout de la mémoire, de l’enfance, du temps et de sa fuite qu’il s’agit dans ce roman aux teintes subtiles.

     

    Un lieu de justice, Jean-Paul Honoré (Arléa)

    Il est peu question de crimes dans cette exploration du nouveau Tribunal de justice de Paris. Le regard du narrateur-spectateur se fixe sur le minuscule, l’à-côté, le détail des gestes, des tenues et des mots. Poésie et profondeur.

     

    La vengeance m'appartient, Marie Ndiaye (Gallimard)

    Maître Susane, l’héroïne, est avocate. Elle défend une infanticide, et sa femme de ménage est sans papiers. Mais, sous ces thèmes dans l’air du temps, la phrase ironiquement parfaite de Marie Ndiaye brode sa musique, et la logique mystérieuse des rêves suit son cours.

     

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Voyager (dans l’espace)

     

    Dans le ventre du Congo, Blaise Ndala (Seuil)

    Entre Belgique et Congo, entre 1958 et 2005, sur les traces de Tshala, la princesse perdue… Un roman tourbillonnant, drôle et grave, qui plonge dans les cercles de la mémoire au rythme effréné de la rumba.

     

    Une saison douce, Milena Agus, traduit de l’italien par Marianne Faurobert (Liana Levi)

    Un groupe de migrants échoue dans un village de la Sardaigne profonde. De ce sujet périlleux, Milena Agus tire une chronique villageoise drôle, subtile, qui déjoue tous les pièges du moralisme et du mélo : un de ces tours de force dont elle a le secret.

     

    La Rivière, Peter Heller, traduit de l’anglais par Céline Leroy (Actes Sud)

    Avec Wynn et Jack, en canoë dans le nord du Canada. À la rencontre de la nature, de la violence, de soi-même… La grande tradition brillamment revisitée.

     

    Patagonie dernier refuge, Christian Garcin et Éric Faye (Stock)

    Avec deux écrivains voyageurs, au pays des grands vents et des innombrables histoires. Érudition, nonchalance, attention aux détails apparemment infimes, aux coins perdus et aux figures oubliées. Rêver au bout du monde…

     

     

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    Voyager (dans le temps)

     

    La Nuit des orateurs, Hédi Kaddour (Gallimard)

    Avec Tacite et Pline, à la cour de Domitien. Loin des pièges du roman historique comme des impasses de l’actualisation, une belle, captivante et savante mise en scène du combat de la peur et de la littérature.

      

    Hamnet, Maggie O’Farrell, traduit de l’anglais par Sarah Tardy (Belfond)

    L’écrivaine irlandaise imagine la vie d’Agnes, femme de Shakespeare, et la mort d’Hamnet, son jeune fils… Ce faisant, elle nous soustrait au temps, pour nous installer, sans effort, dans le mystère des choses et de la présence au monde.

     

    Les Ingratitudes de l'amour, Barbara Pym, traduit de l’anglais par Anouk Neuhoff (Belfond [vintage])

    Dans ce roman paru en 1961, l’inégalable Barbara Pym racontait des vies dérisoires avec une délectation communicative. Et faisait de l’art du roman un éloge indirect et ironique.

     

     

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    Soyons positifs : parmi les multiples surprises que nous réservait l’année qui s’achève, il y en a aussi eu de bonnes. D’abord, la lecture s’y est révélée une activité sinon « essentielle », au moins prisée. Ensuite, la rentrée littéraire a été riche en ouvrages intéressants. Comme tous les ans à pareille époque, en voici quelques-uns, parmi ceux qui m’ont plu et dont j’ai parlé.

     

    Autant de lectures possibles en temps de couvre-feu, avant 2021 et des jours peut-être meilleurs — c’est en tout cas ce que je vous souhaite.

     

    Rendez-vous en janvier, pour parler du nouveau Marie Sizun, du nouveau Gilles Sebhan, du nouveau Chris Kraus. De Maryline Desbiolles, de Marie Ndiaye, d’Hédi Kaddour, et de bien d’autres…

     

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    Dans le secret des familles

     

    Fille, Camille Laurens (Gallimard)

    La vie de Laurence, entre ses parents, ses sœurs, son corps, son fils, sa fille, c’est aussi l’aventure d’un mot et la naissance d’une future (grande) écrivaine.

     

    Les Grandes Poupées, Céline Debayle (Arléa)

    Qu’est-ce que l’Indochine ? Pourquoi Josette n’a-t-elle plus le droit d’aller au Balto avec son père adoré ? Pourquoi doit-elle passer l’été avec sa mère, sa cousine et sa tante haïe ?... Une enfance des années 1950, tout en couleurs et en ruptures de ton.

     

    Les Lionnes, Lucy Ellmann (Seuil)

    On n’en a pas assez parlé… Ce long monologue intérieur d’une ménagère américaine dans sa cuisine est un des livres les plus étonnants de la rentrée. Et, peut-être, un des plus jubilatoires…

     

     

    Dans les tourments de la jeunesse

     

    Qui sème le vent, Marieke Lucas Rijneveld (Buchet-Chastel)

    Le premier roman de cette jeune écrivaine a fait grand bruit aux Pays-Bas. Il y a de quoi : un frère qui meurt, le corps qui change, les vaches décimées, la Bible… une langue exubérante et violente, la farce paysanne côtoie toujours la mort.

     

    La Ville aux acacias, Mihail Sebastian (Mercure de France)

    En 1935 paraissait en Roumanie ce roman traduit aujourd’hui pour la première fois. On y voyait Adriana grandir, hésiter entre plusieurs amours, découvrir le langage du corps… On y voyait passer les saisons, nuits d’été, songeries hivernales, mélancolie…

     

    L'Invitation à la valse, Rosamond Lehmann (Belfond)

    Retour d’une écrivaine anglaise très injustement oubliée. Olivia, dix-sept ans, va à son premier bal et y découvre, sous les apparences mondaines, le vrai monde. Subtil, cruel et plein de charme.

     

    Le même éditeur republie aussi Intempéries, où on retrouve l’héroïne des années plus tard. L’appartenance de Rosamond Lehmann au Bloomsbury Group y est encore plus sensible, dans l’habile entrelacs du dialogue et du monologue intérieur.

     

    photo Pierre Ahnne

     

     

    Face au silence des choses

     

    Okuribi, Hiroki Takahashi (Belfond)

    Faux roman d’adolescence sur fond de harcèlement scolaire, où le héros n’entre pas tant dans l’âge adulte que dans l’intimité de l’univers. Paysages, parfums, insectes, tout ici est signe.

     

    Sous la lumière des vitrines, Alain Claude Sulzer (Chambon)

    Ce sont des choses bien différentes qu’on rencontre dans le roman de l’écrivain suisse, où un décorateur de vitrines voit sa vie minuscule bouleversée par l’irruption de la modernité. L’inquiétante étrangeté des étalages d’antan, et, en filigrane, une subtile réflexion sur l’œuvre d’art…

     

    P. A.

     

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    photo Pierre Ahnne

     

     

    Voici l’année nouvelle. L’année littéraire, bien sûr, qui commence cette semaine. La précédente a été mouvementée, tout le monde s’en sera aperçu, traversée non seulement par le malin virus mais par toutes sortes d’affaires, qui touchaient le monde littéraire ou des arts en général. Vous remarquerez que je n’en ai rien dit. Ma discrétion proverbiale, sans doute, ou, plus probablement, le fait que ce blog, comme son nom l’indique, s’occupe de littérature — pas de la vie des personnes civiles.

     

    Je continuerai, pour la dixième année, à lire, dans cet esprit, ce qui se publie, et à en parler à celles et à ceux qui voudront bien continuer eux-mêmes de me lire. Attentif aux continuités et aux métamorphoses du roman, que cette rentrée illustre de façon particulièrement spectaculaire. Il est un peu trop tôt pour que s’abatte la prévisible avalanche d’histoires de pandémie. Mais la dystopie est bien là (Ilan Duran Cohen, Le Petit Polémiste, Actes Sud), comme le roman de reconstruction après traumatismes de diverses sortes (Sarah Manigne, Quitter Madrid, Mercure de France ; Hélène Veyssier, Comme une ombre portée, Arléa ; Marieke Lucas Rijneveld, Qui sème le vent, Buchet-Chastel), et l’histoire de genre commence à s’installer (Julien Dufresne-Lamy, Mon père, ma mère, mes tremblements de terre, Belfond).

     

    Cependant l’autofiction n’a pas dit son dernier mot (Camille Laurens, Fille, Gallimard), le roman biographique non plus (Sandrine Willems, Consoler Schubert, Les Impressions Nouvelles ; Caroline Deyns, Trencadis, Quidam). Le tableau d’époque se porte toujours bien (Simon Liberati, Les Démons, Stock ; Barbara Kingsolver, Des vies à découvert, Rivages), le roman rural, parfois teinté d’écologie, confirme son retour (Vinca Van Eecke, Des kilomètres à la ronde, Seuil ; Florent Marchet, Le Monde du vivant, Stock). La famille reste une valeur sûre (Marie-Hélène Lafon, Histoire du fils, Buchet-Chastel ; Céline Debayle, Les Grandes Poupées, Arléa ; Pia Malaussène, L’Aurore, Mercure de France).  Et, partout, les enfants ou les adolescents abondent, ce qui prouve que le bon vieux récit d’éducation, qui se glisse sans effort dans tous ces cadres, ne se démode pas.

     

    Bien sûr, les plus intéressants parmi ces titres sont ceux qui se jouent des catégories et ne les empruntent que pour s’en démarquer. Sans compter les franchement inclassables, surtout quand je ne les ai pas encore lus (Sabyl Ghoussoub, Beyrouth entre parenthèses, L’Antilope ; Oscar Lalo, La Race des orphelins, Belfond ; Hervé Le Tellier, L’Anomalie, Gallimard). Et ce n’est pas fini.

     

    fr.wikipedia.org

     

     

    Je vous souhaite une bonne rentrée, sans autre virus que celui de la lecture. Et, par goût de la contradiction ou souci de la cohérence, je dirai d’ores et déjà quelques mots d’un ouvrage qui n’est pas un roman et témoigne de vies véritables, mais vouées à s’anéantir pour laisser toute sa place à l’œuvre — au point que les auteures en question ont d’abord présenté celle-ci sous des pseudonymes masculins.

     

    Je parle de la famille Brontë, dont Gallimard, dans sa collection « Folio classique », publie des Lettres choisies, traduites, remarquablement, et annotées par Constance Lacroix, dont j’ai déjà vanté les talents (voir ici). Elles se succèdent de 1821 à 1855, année de la mort de Charlotte, qui les signe presque toutes, le reste de la correspondance familiale étant réduite à l’état de vestiges. On voit, au fil du volume, mourir Branwell, le frère, puis Emily, puis Anne, et l’auteure de Jane Eyre connaître le succès qu’on sait. Elle raconte ses journées monotones, quand « la tempête fait rage » et que « la plainte continuelle du vent [la] remplit d’une intense mélancolie ». Mais aussi la rencontre des éditeurs londoniens stupéfaits et de Thackeray (dont Roland Barthes, dans le film de Téchiné, tenait le rôle). Elle approuve ou déplore les critiques consacrées à ses livres, et affirme que « la Vérité vaut mieux que l’Art ». Bonne rentrée, encore une fois.

     

    P. A.

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